Un cas de suicide pèse depuis plusieurs semaines sur le climat social d’une filiale de la Banque de France, neuf mois après la présentation au comité économique et social central du groupe d’un rapport d’expertise mettant en cause l’impact social de la restructuration de ses activités après un suicide et une tentative de suicide parmi les salariés.
Le regain de tension touche le site de Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme), qui fournit l’imprimerie historique du groupe à Chamalières et une trentaine de clients étrangers en papiers sécurisés pour l’impression de billets et de documents sécurisés. Ce site est exploité par la société EuropaFi, issue d’une filialisation de l’activité de papeterie industrielle en 2016.
Un agent de maîtrise du service de maintenance électrique de Vic-le-Comte a mis fin à ses jours en novembre 2024. S’il n’a laissé aucun écrit permettant d’établir un lien entre son suicide et ses conditions de travail, la CGT, majoritaire sur le site, souligne qu’il avait mis en cause à plusieurs reprises ces dernières années les difficultés rencontrées dans son travail en évoquant la « mauvaise ambiance au service » ou encore « l’impression de faire trois métiers ». Il avait déposé une demande de changement de poste, avant d’y renoncer.
De son côté, la CGT déclare avoir alerté la direction sur la situation qu’elle jugeait « inquiétante » du service de maintenance en évoquant un « mal-être » et des tensions « palpables au quotidien ».
Un expert extérieur
Après le suicide de ce salarié, le CSE a désigné le 19 décembre 2024 le cabinet spécialisé Technologia pour mener une expertise concernant « l’ensemble du périmètre d’EuropaFi » sur « l’augmentation des risques psychosociaux (RPS) », des « problèmes au service maintenance » et un « manque criant d’actions sur la prévention des RPS ».
Mais la direction de l’entreprise, qui était prête à l’ouverture d’une enquête interne paritaire, conteste à la fois le bien-fondé de l’expertise et les conditions dans lesquelles elle a été décidée par le CSE. Lors de l’audience du 28 janvier au tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand, elle a réfuté les arguments avancés par le CSE pour caractériser l’existence d’un « risque grave, identifié et actuel », qui justifie, selon le code du travail, le recours à un expert extérieur à l’entreprise. Elle a reçu des manifestations de soutien des parents du défunt.
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