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Dans les rues, c’est le rouge qui domine. Les affiches électorales rappellent que Brême est un bastion social-démocrate depuis l’après-guerre. Un héritage du passé industriel de cette cité hanséatique, célèbre pour ses chantiers navals jusque dans les années 1980. Aucune mention d’Alternative für Deutschland (AfD) en revanche. Le parti d’extrême droite, qui concentre l’attention au niveau fédéral à trois semaines des élections législatives anticipées du 23 février, semble absent du paysage.

Pourtant, le discours d’extrême droite est omniprésent dans cette métropole de 585 000 habitants longtemps réputée pour sa tolérance en matière d’immigration. Brême, et surtout son avant-port sur la mer du Nord, Bremerhaven, est l’une des villes les plus pauvres du pays. Le chômage y est structurellement supérieur à 10 %, et près de 25 % des habitants sont nés hors d’Allemagne, contre 15 % au niveau fédéral. A Gröpelingen, un quartier du centre de Brême où étaient construits les navires de la flotte impériale au début du XXe siècle, la proportion monte à 42 %, contre 25 % il y a dix ans. « Nous avons ici des classes en primaire où plus de 90 % des enfants ne viennent pas d’un ménage allemand et ne parlent pas la langue », relate Senihad Sator, enfant du quartier, né de parents bosniaques ayant fui l’ex-Yougoslavie en guerre dans les années 1990.

Senihad Sator, jeune élu social-démocrate (SPD) au parlement régional, le 27 janvier 2025, à Brême (Allemagne).
Vue du quartier de Gröpelingen, à Brême (Allemagne), le 27 janvier 2025. Vue du quartier de Gröpelingen, à Brême (Allemagne), le 27 janvier 2025.

Agé de 28 ans, ce jeune élu social-démocrate (SPD) au Parlement régional parle sans embarras de l’évolution de Gröpelingen, auquel il reste attaché. « Quand nous sommes arrivés, il y avait déjà beaucoup de travailleurs immigrés de Turquie ou d’Italie. Mais dans mon école, il y avait encore une majorité d’Allemands. Dans la rue, il y avait des magasins de chaussures, de jouets. Aujourd’hui, on trouve surtout des döners [kebabs]. Là, c’est un supermarché syrien qui n’était pas là il y a dix ans », montre-t-il en arpentant la rue principale du quartier.

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