Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a menacé dimanche le Panama de « mesures » dont il n’a pas précisé la nature, faute de « changements immédiats » concernant le canal de Panama, mais le président, José Raul Mulino, a lui proposé des discussions « techniques » et dit ne pas croire à une intervention militaire.
Pour sa première visite à l’étranger en tant que chef de la diplomatie américaine, M. Rubio a transmis au chef de l’Etat panaméen la position de Donald Trump sur la « violation du traité » régissant le canal, carrefour maritime stratégique pour le commerce mondial.
Dès son investiture, le 20 janvier, le président des Etats-Unis a dit vouloir en « reprendre » le contrôle pour faire face à l’influence grandissante de la Chine. Lors de son entretien avec le président Mulino, M. Rubio a déclaré que « la position actuelle d’influence et de contrôle du Parti communiste chinois sur la zone du canal de Panama constitue une menace (…) et représente une violation du traité concernant sa neutralité permanente et son fonctionnement », selon la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.
Le chef de la diplomatique américaine « a clairement indiqué que ce statu quo était inacceptable et qu’en l’absence de changements immédiats, les Etats-Unis devraient prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs droits en vertu du traité », a-t-elle ajouté.
Construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914, le canal est passé sous contrôle panaméen fin 1999, en vertu de traités signés en 1977 par le président américain Jimmy Carter et le dirigeant nationaliste panaméen Omar Torrijos.
« Pas de menace réelle »
« Nous avons présenté la possibilité que nos équipes techniques » clarifient « tout ce qui doit l’être », a déclaré M. Mulino lors d’une conférence de presse. Aucune date n’a encore été fixée, a-t-il précisé, affichant sa confiance quant à l’avenir des relations avec les Etats-Unis. « Je crois que nous avons mené cette conversation de très bonne foi », a-t-il poursuivi, soulignant que les bases pour une « meilleure relation » bilatérales avaient été établies. « Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une menace réelle en ce moment contre le traité, la validité et encore moins l’utilisation de la force militaire pour prendre le contrôle du canal, je n’ai pas cette impression », a ajouté le chef de l’Etat.
Le secrétaire d’Etat doit visiter le canal de Panama, voie maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique par laquelle transitent 40 % du trafic de conteneurs américain. Selon Washington, l’influence croissante de la Chine autour du canal menace les intérêts américains et pourrait permettre à Pékin de paralyser le trafic en cas de conflit. En réponse à ces allégations, le président Mulino a demandé l’audit d’une société hongkongaise gérant les installations portuaires aux deux extrémités du canal.
Des manifestations, limitées mais intenses, ont eu lieu avant la visite de M. Rubio. La police a fait usage de gaz lacrymogène. Des manifestants ont brûlé un mannequin à l’effigie de Marco Rubio et ont brandi des photos du secrétaire d’Etat et du président Trump devant un drapeau américain et un autre marqué d’une croix gammée. « Rubio, quitte le Panama ! », scandaient quelque 200 manifestants. « Au messager de l’empire », a crié le syndicaliste Saul Medez, « nous répétons que Trump n’a absolument rien à trouver ici. Le Panama est une nation libre et souveraine ».
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Premier secrétaire d’Etat hispanique et catholique pratiquant, M. Rubio a commencé sa journée par une messe dans une église coloniale de la vieille ville. Il poursuivra sa tournée par le Salvador, le Costa Rica, le Guatemala et la République dominicaine, où il doit promouvoir la politique migratoire de Donald Trump axée sur les expulsions.