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Histoires Web dimanche, février 2
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Crier ou se taire. L’éternel mauvais choix dans lequel sont piégées les femmes, encore et encore, puisque leur parole est si souvent inentendue. Dans Taire, que crée la jeune autrice et metteuse en scène Tamara Al Saadi au Théâtre de La Criée, à Marseille, deux héroïnes s’offrent en miroir. L’une crie, l’autre se tait, deux manières d’exprimer une même révolte, face à ce que les adultes ont fait de leurs vies.

Celle qui se tait, c’est Antigone, telle que Tamara Al Saadi interprète l’héroïne antique, figure éternellement ardente et vive de la lutte contre un pouvoir arbitraire, pour qui la raison d’Etat sert de rouleau compresseur aux valeurs humaines les plus fondamentales. Antigone a cessé de parler depuis que son frère Etéocle s’est transformé en tyran, bannissant leur autre frère, Polynice. Elle oppose le même silence face à l’absurdité du monde, quand les deux s’entretuent et que Créon, au pouvoir, ordonne de jeter la dépouille de Polynice aux chiens, sans lui accorder le droit à une sépulture digne.

Celle qui crie, c’est Eden, une jeune fille d’aujourd’hui, dont le prénom sonne avec une ironie douloureuse. Née d’un viol, abandonnée peu après sa naissance, elle se retrouve, alors qu’elle avait été recueillie au départ par un couple aimant, ballottée de foyers en familles d’accueil, en raison d’une règle administrative aussi implacable et absurde que celles édictées par les dieux de l’Antiquité. Alors Eden part en vrille, retourne la violence contre elle-même et contre les autres, de manière indifférenciée.

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