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Histoires Web dimanche, février 2
Bulletin

A l’aube, Chris Gomersall et Hassan Dalil s’engagent à travers champs pour rejoindre la lagune de Merja Zerga, dans le nord-ouest du Maroc. Sur son carnet, le Britannique note ce qu’il observe : trois chouettes des marais d’Afrique, deux cailles, une volée de courlis cendrés… Puis un autre oiseau se pose avec les premières lueurs du jour. « Nous avons vu le courlis à bec grêle arriver en même temps, se souvient Chris Gomersall. Je crois que nous savions tous les deux ce que c’était, mais j’avais quand même besoin qu’Hassan me le confirme, car je n’en avais jamais vu. »

Rapidement, un groupe d’enfants fait fuir l’échassier beige et brun au ventre tacheté, qui atterrit un peu plus loin. L’ornithologue marocain Hassan Dalil s’occupe alors de tenir les jeunes à distance, en discutant avec eux, pour que le photographe, employé par la Société royale pour la protection des oiseaux (RSPB, Royaume-Uni), puisse s’approcher du courlis. Chris Gomersall rampe dans un champ de lupins, sort son Nikon F4, insère une pellicule suffisamment sensible pour compenser le manque de lumière. Le petit limicole au bec recourbé, fin et étroit se trouve à moins de 50 mètres.

Lorsqu’il s’envole, au bout d’une heure et vingt minutes, les deux hommes savent qu’ils ont eu une chance extraordinaire. « C’était incroyable de pouvoir prendre ces photos, assure Hassan Dalil. On savait que c’était un oiseau rare et que cette lagune était l’un des seuls sites où l’on pouvait l’observer. » Ce 2 février 1995, ils sont pourtant loin d’imaginer la valeur que prendront ces clichés : depuis, aucun autre courlis à bec grêle n’a pu être photographié. Et, tout juste trente ans plus tard, l’espèce vient d’être déclarée très probablement disparue.

« Nous avons laissé cet oiseau disparaître »

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