Deux fois, La Marseillaise a résonné dans la salle Jacques-Narbonne à Saint-Martin-Lacaussade (Gironde), dimanche 26 janvier. Deux fois, Cédric Vallet a tendu avec autorité son bras droit, à l’entame du refrain, sans ambiguïté sur la symbolique du geste. Un salut fasciste. Le chauffeur de poids lourd de 52 ans dément en souriant : « Un vieux souvenir de jeunesse, quand j’étais dans les [supporteurs] Ultras des Girondins de Bordeaux » – ils sont pourtant réputés de l’autre bord. Cet ancien militaire compte, cet après-midi-là, parmi le millier de personnes assistant aux vœux d’Edwige Diaz, figure locale du Rassemblement national (RN). La députée assure ne pas y croire : « Vu le nombre de collègues juifs que l’on a dans l’équipe, il ne peut pas être nazi. »
Les deux se connaissent bien : il compte parmi les piliers de cette fédération ; en 2020, il représentait le mouvement aux municipales de Saint-André-de-Cubzac (Gironde), dans une liste d’union avec la droite. Le quinquagénaire au crâne rasé a beau tenir une ligne plus radicale, fier « nationaliste et extrémiste », difficile de refuser l’appel de son parti de toujours, rallié par haine de l’immigration. « C’est ma priorité, la plus pure, et ça ne changera jamais. Dès qu’il y a un coup de couteau ou une bombe, c’est toujours les mêmes. On ne voit jamais des Bernard ou des Philippe dans les coupables », campe le petit homme trapu, flamme bleu-blanc-rouge épinglée sur son sweat aux lettres gothiques, qu’il qualifie de « nationaliste ». Il confie : « J’en ai des bien pires à la maison, mais, ici, il faut rester discret. » Le décorum des vœux des députés du RN a vocation à ressembler à une joyeuse kermesse, pas à un rassemblement néonazi.
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