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Des internes en médecine générale étaient en grève mercredi 29 janvier et au moins 150 d’entre eux ont manifesté à Paris à l’appel de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), pour réclamer un « report » de la réforme qui prolonge l’internat dès 2026, jugée « bâclée » et « inapplicable » en l’état.

Cette réforme de 2022 instaure une quatrième année d’internat en médecine générale (dixième année de médecine), pour mieux préparer les étudiants à l’exercice professionnel et favoriser une transition douce vers l’installation en cabinet ou en structure de ville. Elle doit permettre d’attirer certains étudiants vers les déserts médicaux. Mais les textes réglementaires ne sont toujours pas parus, laissant les internes dans l’incertitude sur les moyens alloués, les modalités pédagogiques ou les conditions de rémunération.

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« Il n’y a pas assez de maîtres de stage, pas assez de locaux pour qu’on puisse consulter dans des conditions décentes, et on n’a aucune garantie sur la manière dont on choisira nos stages, sur nos futures missions », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse Amélie Grangerodet, venue d’Auvergne pour manifester à Paris. « On a peur de servir de bouche-trous » à l’hôpital, alors que l’objectif était de « commencer à exercer en tant que médecin généraliste », ou « qu’on nous envoie dans des lieux qu’on n’a pas choisis, alors qu’on aura entre 26 et 30 ans, des conjoints, parfois des enfants », a-t-elle expliqué.

Vers 14 heures, un cortège d’environ 150 internes s’est élancé sous la pluie vers le ministère de la santé. « On a déjà du mal à recruter des encadrants pour les stages de première et troisième années, alors on risque de déshabiller Pierre pour habiller Paul », a aussi alerté Ariane Roubi, vice-présidente de l’Isnar-IMG.

« La moitié, voire moins, des promesses de recrutement nécessaires »

Quelque 3 700 étudiants seront concernés par la quatrième année en novembre 2026, selon le ministère. Lundi, le ministre de la santé, Yannick Neuder, s’est engagé à publier les décrets idéalement en « avril-mai » et à valoriser financièrement la fonction de maître de stage, pour recruter rapidement. Il s’est dit « optimiste » sur la capacité des autorités et facultés à tout organiser « en dix-huit mois ».

Mais selon le président de l’Isnar-IMG, Bastien Bailleul, dans certaines villes comme Paris, Tours ou Strasbourg les facultés n’ont aujourd’hui que « la moitié, voire moins, des promesses de recrutement nécessaires ». « Il faudrait avoir recruté tous [les encadrants] fin 2025 » au plus tard, assure-t-il.

Reçu mercredi par le cabinet du ministre, il a réclamé la mise en place d’un calendrier comportant une « date limite », après laquelle, si le recrutement n’est pas terminé, « on reporte la réforme ». « Ils commencent à vraiment l’entendre », a-t-il ajouté. Selon lui, un millier d’internes étaient grévistes mercredi.

Les deux autres syndicats représentatifs des internes, l’Association nationale des étudiants en médecine de France et l’Intersyndicale nationale des internes, avaient eux « suspendu » leur participation à la grève, à la suite des annonces ministérielles.

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Le Monde avec AFP

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