L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit sa « profonde inquiétude », mardi 28 janvier, face à la décision de l’administration Trump de suspendre le financement de programmes de lutte contre le sida dans des pays en développement, et demandé au gouvernement américain de revoir sa position.
« Nous appelons le gouvernement des Etats-Unis à autoriser des exemptions supplémentaires pour garantir la fourniture de traitements et de soins vitaux contre le VIH », écrit l’OMS dans un communiqué, rappelant que ces programmes permettent de fournir les médicaments nécessaires à 30 millions de personnes dans le monde.
Peu après l’investiture de Donald Trump pour un second mandat, son administration a annoncé vendredi la suspension de l’essentiel de l’aide étrangère à l’exception de l’Egypte, d’Israël et de l’assistance alimentaire d’urgence. Le programme Pepfar mis en place sous le président George W. Bush en 2003, un des piliers de la lutte contre le sida et l’un de ses plus retentissants succès, est frappé par la suspension.
La suspension menace d’entraîner « des reculs importants »
Fin 2023, 39 millions de personnes dans le monde vivaient avec le virus du sida, le VIH. Lundi déjà, le secrétaire général de l’ONU avait appelé lundi l’administration Trump à ajouter des « exemptions supplémentaires », compte tenu de l’importance de Pepfar pour la lutte contre cette maladie qui continue de faire des ravages malgré d’importants succès en termes de prévention.
« L’arrêt du financement des programmes de lutte contre le VIH peut exposer les personnes vivant avec le VIH à un risque accru de maladie et de décès et compromettre les efforts visant à prévenir la transmission dans les populations et les pays », écrit encore l’OMS, une organisation honnie par le président américain.
Dès le premier jour de son second mandat, il a annoncé que les Etats-Unis allaient s’en retirer et selon les médias américains, la nouvelle administration a interdit tout contact avec elle. Pour la communauté internationale, la suspension des financements « pourrait entraîner des reculs importants », également en matière de recherche.
Au final, « de telles mesures, si elles se prolongent, pourraient conduire à une augmentation des nouvelles infections et des décès, inversant des décennies de progrès et ramenant potentiellement le monde aux années 1980 et 1990, lorsque des millions de personnes mouraient du VIH chaque année dans le monde, y compris de nombreux habitants des Etats-Unis », met en garde l’organisation basée à Genève.
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« La suspension actuelle du financement du Pepfar aura un impact direct sur des millions de vies qui dépendent d’un approvisionnement prévisible en traitements antirétroviraux sûrs et efficaces », rappelle l’OMS.
Le Pepfar est présent dans plus de 50 pays à travers le monde et au cours des deux dernières décennies, le financement de ce programme « a permis de sauver plus de 26 millions de vies », affirme l’organisation. Actuellement, il permet de fournir un traitement contre le VIH à plus de 20 millions de personnes contaminées par le virus du sida, dont 566 000 enfants de moins de 15 ans.
L’OMS et ses partenaires ont déjà fait des efforts pour réduire la part des donateurs dans le programme, rappelle-t-elle, mais « un arrêt soudain et prolongé des programmes ne permet pas une transition en douceur et met en danger la vie de millions de personnes ».