Une séquence continue de biopics musicaux – expression devenue majoritaire de la biographie filmée – traverse depuis quelque temps l’univers de l’exploitation cinématographique. Un parfait inconnu, de James Mangold, sans doute le plus attendu, sort en salle, mercredi 29 janvier, et nous propose l’équation Timothée Chalamet-Bob Dylan, sous l’angle particulier du phénix qui, en 1965, meurt au folk pour mieux renaître au rock. Il aura été précédé de la révérencieuse saga rasta Bob Marley. One Love, de l’Américain Reinaldo Marcus Green (14 février 2024), du portrait intégral de Monsieur Aznavour, des Français Mehdi Idir et Grand Corps Malade (23 octobre 2024), puis de Better Man, du réalisateur australien Michael Gracey, qui évoque le chanteur anglais Robbie Williams représenté en chimpanzé. Il sera suivi de Maria, du Chilien Pablo Larrain (le 5 février), tombeau sophistiqué de la divine Maria Callas.
Ces quelques caractérisations suffisent à entrevoir la gamme assez large sur laquelle peut désormais jouer un sous-genre qui s’est remis à piaffer depuis le succès inattendu de La Môme, du Français Oliver Dahan, sur Edith Piaf, en 2007 (5 millions de spectateurs en France, 86 millions de dollars – environ 66 millions d’euros à l’époque – de recette dans le monde). Pour mettre des mots, la gamme va du biopic mimétique – une vedette performe la posture et le parcours in extenso d’une figure légendaire de la musique – au biopic conceptuel qui s’attache plutôt à mettre en scène l’idée que cette figure incarne.
On reconnaîtra ici le patron de Ray (Taylor Hackford, 2005) sur Ray Charles, La Môme ou Monsieur Aznavour. Là les expériences minoritaires de I’m Not There (2007), de Todd Haynes, portrait cubiste de Dylan en six acteurs ; Last Days (2005), de Gus Van Sant, élégie de la rock star Kurt Cubain comme principe d’exténuation de la vie ; ou Barbara (2017), de Mathieu Amalric, mise en abyme de la construction d’une diva.
Entre ces deux pôles, des formules hétérogènes s’attachent à la fois à prodiguer une performance spectaculaire d’acteur et à se focaliser sur le moment-clé d’une carrière, de sorte que le film nous évite du moins le mortel ennui de la complétude hagiographique. Un parfait inconnu est un parfait exemple de ce modèle. Tandis que chauffent sur les fourneaux hollywoodiens, pardonnez du peu, les projets sur Bruce Springsteen, Michael Jackson, Madonna, les Beatles, Linda Ronstadt, Fred Astaire ou Janis Joplin, il est donc loisible de s’interroger sur ce sous-genre qui prolifère depuis quinze ans.
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