L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Le cinéma américain, dont la pente naturelle va vers le mythe, aime se frotter à Bob Dylan. L’un des maîtres du cinéma direct, Donn Alan Pennebaker, filma ainsi sa trépidante tournée anglaise de 1965 (Don’t Look Back, 1967). Dylan lui-même se lança plus tard dans la confection d’un grand trip hippie filmé qui laissa pas mal de monde sur le tapis (Renaldo et Clara, 1978). Martin Scorsese documenta, dans un monumental film de montage, les légendaires années 1961-1966 (No Direction Home, 2005), avant de revenir, entre vérité et fable, sur l’incroyable tournée de 1975 (Rolling Thunder Revue. A Bob Dylan Story, 2019).
Todd Haynes, en un geste conceptuel, fit interpréter l’insaisissable idole par six acteurs différents (I’m Not There, 2007). Quant aux frères Coen, ils le représentèrent en silhouette, jeune inconnu entrant dans la pénombre d’un bar de Greenwich et grattant trois accords de Farewell sous l’œil inquiet de Llewyn Davis, l’antihéros de leur film, un chanteur folk dont la carrière, qui s’achève assurément avec ce final, aura relevé du sacerdoce (Inside Llewyn Davis, 2013). Peut-être, par sa fulgurance exégétique, le meilleur film dylanien. On le dit sans rire.
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