« Notre pays connaît un point de bascule ». Dans son courrier adressé à l’ensemble des personnels de la gendarmerie dimanche 19 janvier 2025, véritable feuille de route, le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), Hubert Bonneau, n’a pas choisi ses mots au hasard. L’expression avait été employée par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, le 1er novembre, cinq jours après qu’un enfant de 5 ans avait été grièvement blessé par des tirs d’arme à feu près de Rennes, sur fond de règlements de comptes liés au trafic de drogue.
Dans ce document, dont Le Monde a pu prendre connaissance, le patron des gendarmes reprend le constat déjà effectué le 14 novembre 2024 à l’occasion de sa première réunion de commandement à l’Ecole militaire, devant les plus hauts gradés de la gendarmerie : celui d’un pays confronté à des dangers inédits et protéiformes, tant à l’intérieur de ses frontières qu’à l’extérieur, « où conflits et menaces se multiplient ».
Deux mois plus tard, la lettre de mission adressée à ses effectifs hausse encore d’un cran ce discours aux tonalités à la fois résolues et pessimistes. « Depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé et d’une agression du sanctuaire national doit être sérieusement envisagée », estime ainsi l’ancien commandant du GIGN, qui évoque « l’hypothèse d’un engagement majeur » auquel la gendarmerie « a le devoir de [se] préparer pour tenir [sa] place », notamment en « renforçant l’acquisition et l’entretien des savoir-faire tactiques et opérationnels militaires ».
Il vous reste 66.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.