Le spécialiste de l’uranium Orano a engagé un deuxième arbitrage à l’encontre de l’Etat du Niger après la perte de contrôle de sa filiale locale, la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), détenue à 63,4 % par le groupe français et à 36,6 % par Niamey. Les deux actionnaires sont en conflit depuis plusieurs mois. Le régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir par un putsch en juillet 2023, a fait de la souveraineté sa priorité, en particulier sur la question de l’uranium.
Orano, dont le capital est détenu à 90 % par l’Etat français, a déposé sa requête d’arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), a-t-il précisé, mardi 21 janvier, dans un communiqué. « Ce contentieux est aujourd’hui le dernier recours possible pour Orano après plusieurs tentatives de résolutions amiables toujours restées sans réponses », a-t-il ajouté.
Le groupe évoque « l’entrave de l’Etat du Niger dans la commercialisation de la production, ainsi que l’anéantissement des droits d’enlèvement », qui ont causé une aggravation de « la situation financière de la Somaïr » et du « préjudice subi » par Orano. « Dans ce contexte [il] prévoit de réclamer des dommages et intérêts et de faire valoir ses droits sur le stock correspondant aux productions de la Somaïr [et] se réserve le droit d’initier toutes actions, y compris contre des tiers, en cas de préemption de la matière, en violation des droits d’enlèvement. »
Le stock de production actuellement entreposé sur le site minier est de 1 300 tonnes de concentré de minerai d’uranium, soit une valeur de 250 millions d’euros, a précisé Orano à l’Agence France-Presse (AFP). Fin octobre 2024, le groupe avait annoncé que devant une situation « fortement dégradée », la Somaïr allait « suspendre » sa production à partir du 31 octobre, faute de pouvoir « continuer à travailler » dans le pays.
Il s’agit du deuxième arbitrage engagé par Orano dans le bras de fer qui l’oppose au pouvoir en place au Niger. Fin décembre, le groupe français avait déposé une première requête après le retrait, en juin, du permis d’exploitation du mégagisement d’Imouraren, aux réserves estimées à 200 000 tonnes.