Les enquêteurs sud-coréens qui ont arrêté, mercredi 15 janvier, le président suspendu de ses fonctions, Yoon Suk Yeol, ont demandé, vendredi, un nouveau mandat d’arrêt pour prolonger sa détention, quelques heures avant l’expiration du délai de quarante-huit heures pour le maintenir en garde à vue.
Les enquêteurs tentent d’obtenir une prolongation de vingt jours de la détention du chef d’Etat, le temps de pouvoir formaliser un acte d’accusation envers M. Yoon.
« Il est prévu que le bureau d’enquête sur la corruption [CIO] demande un mandat d’arrêt au tribunal du district ouest de Séoul comme prochaine étape après le mandat d’arrêt », ont précisé, de leur côté, les avocats de M. Yoon, vendredi.
Grave crise politique
Le CIO a convoqué M. Yoon pour un interrogatoire vendredi matin, a rapporté l’agence de presse Yonhap, mais son avocat Yoon Kab-keun a fait savoir à l’AFP qu’il avait refusé, pour la deuxième journée d’affilée, d’être interrogé par les enquêteurs sur sa tentative manquée d’instaurer la loi martiale.
M. Yoon, devenu le premier chef d’Etat sud-coréen en exercice à être arrêté, a plongé le pays dans une grave crise politique en déclarant la loi martiale au début de décembre, pour protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et « éliminer les éléments hostiles à l’Etat ».
Un autre avocat de M. Yoon, Seok Dong-hyeon, a déclaré à la presse que son client avait « suffisamment exprimé sa position de base aux enquêteurs le premier jour » et qu’il n’avait aucune raison de répondre à leurs questions.
Visé par une enquête pour « rébellion »
Suspendu par les députés et visé par une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort, l’ex-procureur vedette a été interrogé pendant des heures mercredi, mais il a exercé son droit de garder le silence, avant de refuser de se présenter à l’interrogatoire de jeudi. M. Yoon a déclaré, mercredi, s’être plié aux exigences des enquêteurs pour éviter toute « effusion de sang », mais qu’il ne reconnaissait pas la légalité de l’enquête. Son parti, le Parti du pouvoir au peuple, a également affirmé que son arrestation était illégale.
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Le Parti démocrate, la principale formation d’opposition, s’est félicité de la détention de M. Yoon et un de ses hauts responsables l’a qualifiée de « première étape » vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel et légal après des semaines de troubles.
Le dirigeant suspendu, âgé de 64 ans, a tenté d’échapper à son arrestation pendant des semaines en se retranchant dans son complexe résidentiel, protégé par des membres du service de sécurité présidentiel qui lui étaient restés fidèles.
Jeudi, une centaine de partisans du président suspendu se sont rassemblés devant le bâtiment du CIO pour protester contre sa détention et entonner des chants.
Dans le cadre d’une enquête parallèle, la Cour constitutionnelle doit décider de valider ou non la motion de destitution contre M. Yoon votée par le Parlement. S’il perd son titre de président, de nouvelles élections devront être organisées dans les soixante jours.