Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, janvier 15
Bulletin

Le monde académique perd l’un de ses plus grands iconoclastes. Richard Easterlin, père fondateur de l’économie du bonheur, s’est éteint le 16 décembre 2024, à 98 ans, laissant derrière lui un héritage intellectuel qui continue de bousculer nos certitudes sur la croissance économique.

Sa découverte centrale, devenue le « paradoxe d’Easterlin », remet en question une conviction établie : étonnamment, la hausse des revenus moyens d’un pays n’accroît pas le bonheur de ses habitants sur le long terme. Une révélation d’autant plus troublante qu’elle s’appuie sur l’étude des années fastes d’après-guerre, période de prospérité inégalée aux Etats-Unis et au Japon.

En interrogeant les citoyens sur leur niveau de satisfaction à l’aide de l’échelle de Cantril (« Sur une échelle de 0 à 10, où 0 représente la pire vie possible pour vous et 10 la meilleure vie possible pour vous, où vous situez-vous actuellement ? »), Easterlin fait un constat étonnant : la croissance économique spectaculaire de cette époque n’a pas fait grimper l’indice du bonheur. Il répond ainsi par la négative aux questions que posent ironiquement les titres de ses articles : « Does Economic Growth Improve the Human Lot ? » (« La croissance économique améliore-t-elle le sort de l’homme ? »), en 1974, ou « Will Raising the Incomes of All Increase the Happiness of All ? » (« L’augmentation des revenus de tous augmentera-t-elle le bonheur de tous ? »), en 1995.

Comparaison sociale et adaptation

Cela est d’autant plus intrigant que les riches se déclarent plus heureux que les pauvres à un instant donné. Comment expliquer alors que cette corrélation disparaisse dans le temps ? Richard Easterlin identifie deux mécanismes : la comparaison sociale et l’adaptation. C’est surtout ce phénomène d’adaptation qui détruit le bénéfice de la croissance. Tel un tapis roulant, il fait reculer notre bonheur tandis que notre confort matériel progresse : tout ce que nous obtenons devient rapidement acquis, nous poussant à désirer toujours plus.

Il vous reste 59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.