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Histoires Web mercredi, janvier 15
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L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

L’œuvre de Desplechin est l’histoire d’une grande entreprise vengeresse contre la réalité : fictions, réécritures, masques permettent d’intensifier le monde si ce n’est de le supporter. A 64 ans, il était peut-être temps pour le cinéaste qui, dit-il souvent, aura longtemps fantasmé une vie de critique, de se retourner sur sa vie de spectateur. Un geste rétrospectif qui n’arrive pas tout à fait par hasard, mais accompagne tout un corpus d’auteur qui, vieillissant et voyant le cinéma vieillir, se retourne, mélancoliquement, sur le médium lui-même.

Tout Spectateurs ! est d’ailleurs construit sur une sorte de tension : célébration exaltée du cinéma et de tout ce qui l’accompagne (la salle, la cinéphilie, l’exégèse) en même temps que geste d’embaumement pour un art chéri qui lui aura offert le monde. Le modèle ? Forcément, les Histoire(s) du cinéma, de Godard, bien que le film ne se prétende jamais à la même ambition expérimentale. Il est plus accueillant.

Souvenirs d’enfance

Entre documentaire et fiction, l’essai entame un voyage proustien, rassemblant des visages amis, des chercheurs admirés (Dominique Païni, Sandra Laugier), les films adorés, les souvenirs émus. L’histoire du cinéma y est peinte à grands traits : d’Eadweard Muybridge (1830-1904) à Piège de cristal, de John McTiernan (1988). Dans ce pot-pourri d’enthousiasmes et de références se ponctue de petites saynètes rejouant des souvenirs d’enfance du cinéaste. Là, une poignée d’acteurs incarnent Paul Dédalus, alter ego de Desplechin, à différents âges. Il y a la toute première séance, la drague au cinéma, les cours de Pascal Kané (1946-2020) à la fac.

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