Vendredi 11 janvier après-midi, jour de congé hebdomadaire en Syrie, des dizaines de familles du Rojava, la zone autonome du nord-est, se sont rendues dans la forêt de Kobané, poumon vert en lisière de la Turquie. Certains habitants sont venus avec des chaises et des tables de camping. D’autres ont étalé un tapis au sol et préparent un barbecue. Des airs de musique kurde s’échappent de la sono des voitures. « En temps normal, ici, c’est noir de monde, mais, en ce moment, rien n’est normal », glisse Dilara Bangin Dommar, une esthéticienne de 23 ans.
La veille, les avions turcs avaient intensifié leurs frappes au sud de Kobané. Les bombardements se sont étendus au secteur du barrage de Tichrine, menaçant cette infrastructure vitale. Le 8 janvier, les parents de Dilara Bangin Dommar, avec d’autres résidents de Kobané, étaient allés sur le barrage pour manifester leur solidarité avec les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Cible de l’offensive d’Ankara au Rojava, cette formation paramilitaire kurdo-arabe est dominée par la milice kurde du Parti de l’union démocratique, qui est la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan, en lutte armée contre le pouvoir turc depuis des décennies. Le lendemain, un autre convoi de civils et d’employés de l’administration, parti en direction du barrage depuis Rakka, ville plus au sud, a été attaqué par des drones turcs, qui ont fait cinq victimes.
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