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OCS – MARDI 14 JANVIER À 21 H 45 – FILM

Allemagne, avril 1945. L’équipage du char d’assaut « Fury » vient de subir sa première perte. Jusqu’alors, les hommes de Wardaddy – « papa de guerre », un sobriquet affectueux décerné par l’équipage de son char Sherman au sergent-chef Don Collier (Brad Pitt) – ont été préservés, par le courage et la science militaire de leur supérieur.

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Il fait la guerre depuis à peine plus de deux ans. C’est assez de temps pour avoir fait de lui un être d’une autre espèce que le commun des mortels, dont le surnom pourrait aussi être le nom par lequel on invoque la divinité des batailles. Dès la première séquence de Fury, David Ayer, réalisateur et scénariste, joue de cette ambiguïté qui fait aller et venir ce film remarquable et troublant entre la mémoire historique et l’imaginaire mythologique.

Pour remplacer le tirailleur mort lors du dernier affrontement avec les panzers, l’US Army a trouvé un adolescent au regard clair, Norman Ellison (Logan Lerman), qui croyait passer les derniers mois de la guerre à taper à la machine.

Le scénario compact suit les vingt-quatre heures que durera l’initiation d’Ellison, sous la gouverne de Wardaddy. Au premier combat, le jeune homme se dérobera ; son mentor le forcera à faire son métier de soldat, que le sous-officier résume à « tuer des Allemands », en l’obligeant à tirer dans le dos d’un soldat venant de se rendre. L’équipage prendra ensuite quelques heures de repos dans une ville qu’il vient de conquérir avant que sonne l’heure de l’affrontement final.

Effets de la violence

Il n’y a rien de réaliste dans ce concentré d’horreur et d’héroïsme. David Ayer, qui fut militaire (sous-marinier), est fasciné par les effets de la violence professionnelle sur la psyché humaine. Masculine, plus précisément : il se débarrasse sans trop d’élégance des deux seules figures féminines du film. Ayer ne fait guère de distinction entre le maintien de l’ordre en période de paix et les opérations militaires. Son premier long-métrage, Bad Times (2005), avait pour héros un ancien combattant des guerres d’Orient, qui, pour se faire engager dans la police de Los Angeles, se comportait dans les rues de sa ville comme dans celles de Bagdad.

Avec sa mise en scène classique et élégante, Fury veut exprimer l’essence même de ce paradoxe : ceux qui sont chargés de ramener l’ordre et la justice doivent être prêts à sacrifier leur vie, mais aussi leur conscience, leur intégrité.

Il est habile d’avoir situé le film aux dernières heures de la guerre, au moment où les troupes alliées sont entrées en contact direct avec la terreur nazie, libérant les camps, faisant le tri entre les enfants recrutés de force pour la « guerre totale » et les derniers bataillons d’une Wehrmacht nazifiée. Pour mettre fin à cette horreur, il faut des êtres comme le sergent Collier et ses hommes, qui roulent dans un paysage de guerre de Trente Ans, où les cadavres des traîtres à la patrie pendent aux réverbères – des adolescents qui ont refusé de combattre.

Il fut un temps où l’on promettait à Brad Pitt l’avenir de Robert Redford. Il est devenu John Wayne. Massif, laconique, il maîtrise l’art de la guerre mieux que Patton et Rommel réunis. C’est un héros au sens strict du terme.

Fury, film de David Ayer (EU, 2014, 134 min). Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña, Jon Bernthal. Diffusé sur OCS et disponible à la demande sur MyCanal.

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