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Histoires Web mardi, janvier 14
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A la différence de Riyad, Amman ou Bagdad, Beyrouth n’a pas pris l’initiative rapide d’envoyer de délégation officielle en Syrie depuis l’avènement du nouvel homme fort de Damas, Ahmed Al-Charaa, issu des rangs des puissants rebelles islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham qui ont renversé le régime de Bachar Al-Assad le 8 décembre.

Le Liban a quelques excuses. Le bouleversement politique en Syrie s’est produit alors qu’il avait d’autres priorités : après deux mois de guerre, une fragile trêve entre le Hezbollah et Israël venait d’entrer en vigueur le 27 novembre 2024, jour qui se trouve marquer le début de l’offensive qui a conduit à la chute du régime syrien. Un vide institutionnel prévalait, avec un gouvernement chargé des affaires courantes depuis le printemps 2022, et l’absence d’un président jusqu’à l’élection, jeudi 9 janvier, du chef de l’armée, Joseph Aoun.

Pour ses contacts avec son voisin syrien, Beyrouth s’était, jusqu’à cette date, contenté d’échanges téléphoniques. Il a fallu que la Syrie adopte des restrictions sur l’entrée des Libanais sur son territoire pour que soit organisée, samedi 11 janvier, une visite à Damas du premier ministre libanais sortant Najib Mikati.

Mais d’autres raisons expliquent la frilosité libanaise. D’abord, une perception des événements très contrastée dans le pays : le renversement de Bachar Al-Assad a été accueilli avec joie par une partie des Libanais, et avec crainte par une autre. Ceux qui s’en félicitent voient dans cette chute une libération des Syriens et une revanche sur la tutelle que la Syrie a imposée au Liban. L’armée syrienne a occupé pendant vingt-neuf ans (1976-2005) le pays.

Le régime d’Al-Assad a été l’arbitre de l’après-guerre libanais, dans les années 1990 et au début des années 2000. Les anxieux, eux, manifestent leur inquiétude face à l’arrivée d’islamistes au pouvoir et à une potentielle nouvelle vague de déstabilisation de la Syrie. Tous savent que le retournement aura des conséquences sur le pays du Cèdre : les destins des deux voisins sont intimement liés par l’histoire, les échanges économiques, les proximités familiales et les populations pluricommunautaires.

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