Meilleures Actions
Histoires Web vendredi, janvier 10
Bulletin

Le Venezuela a fermé, vendredi 10 janvier, sa frontière avec la Colombie, invoquant un « complot international », quelques heures avant l’investiture du président sortant, Nicolas Maduro, qui doit prêter serment pour un troisième mandat de six ans malgré les accusations de fraudes électorales portées par l’opposition.

« Nous avons des informations concernant un complot international visant à troubler la paix des Vénézuéliens » et « nous allons ordonner, sur instructions du président Nicolas Maduro, la fermeture de la frontière avec la Colombie », a déclaré Freddy Bernal, le gouverneur de l’Etat régional de Tachira, à la frontière avec ce pays. Cette fermeture, effective depuis vendredi matin, doit durer jusqu’à lundi.

Cette annonce intervient quelques heures avant la cérémonie d’investiture de M. Maduro, à la mi-journée, au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du socialiste de 62 ans à la présidentielle du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Venezuela, une vague d’arrestations d’opposants avant la cérémonie d’investiture de Nicolas Maduro

Le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, depuis la République dominicaine, à une heure d’avion de Caracas, qu’il était le « président élu ». Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis d’une main de fer le Venezuela.

« El 10, yo juro con Maduro por el futuro » (« le 10, je prête serment avec Maduro pour l’avenir ») : le slogan en rimes faciles à retenir a été placardé sur de nombreux murs pendant des semaines. Jeudi, une marche de soutien au président sortant a traversé une partie de la capitale.

Des manifestations et une grande confusion

La manifestation de l’opposition a, pour sa part, réuni des milliers de personnes qui criaient « Nous n’avons pas peur ! » ou tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « La liberté ne se mendie pas, elle se conquiert ». Elle a donné lieu à une certaine confusion en fin de journée, quand l’opposition a annoncé la « violente » arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado.

Quelques dizaines de minutes plus tard, l’équipe de l’opposante annonçait sa libération : « En quittant le rassemblement, Maria Corina Machado (…) a été emmenée de force. Pendant son enlèvement, elle a été forcée d’enregistrer plusieurs vidéos et a été relâchée par la suite. »

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant « une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela » et rappelant que Mme Machado était visée par une enquête pénale.

La cheffe de l’opposition vivait dans la clandestinité depuis la présidentielle, à laquelle elle n’avait pas pu se présenter après avoir été déclarée inéligible. Elle a soutenu la candidature de M. Gonzalez Urrutia, qui s’est exilé en septembre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Argentine, Javier Milei reçoit l’opposant vénézuélien Edmundo Gonzalez Urrutia sur fond de tensions avec Caracas

Au lendemain de cette brève arrestation, la première ministre italienne, Giorgia Meloni, a déploré « un nouvel acte inacceptable de répression du régime » de M. Maduro, « dont nous ne reconnaissons pas la victoire électorale proclamée ». « Les aspirations légitimes à la liberté et à la démocratie du peuple vénézuélien doivent finalement devenir réalité », a-t-elle poursuivi.

Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec près de 52 % des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une affirmation jugée peu crédible par de nombreux observateurs. L’annonce du CNE avait provoqué des manifestations dans tout le pays, durement réprimées. Les troubles se sont soldés par 28 morts, plus de 200 blessés et 2 400 personnes arrêtées. Une vague d’interpellations a également eu lieu dans les jours qui ont précédé l’investiture du chef de l’Etat.

Soutien de l’armée à Maduro

Comme pendant les manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts, M. Maduro a pu compter sur le soutien de l’armée, un pilier de son pouvoir, ainsi que sur une justice aux ordres. Il avait même activé un plan national sécuritaire incluant toutes les forces de sécurité (armée, police, milices, paramilitaires) après avoir dit être la cible de nouveaux complots.

Le président socialiste, qui a promis au cours de sa campagne électorale une amélioration de la situation économique, devra trouver des solutions pour renouer avec la croissance, le Venezuela ayant enregistré une contraction de son PIB de 80 % entre 2013 et 2023. Isolé sur le plan international, il lui sera difficile de faire lever les sanctions qu’il devra donc tenter de contourner afin d’exploiter ses immenses réserves pétrolières sans avoir à les brader en raison de l’embargo. Le chef de l’Etat vénézuélien a par ailleurs promis des révisions constitutionnelles qui comportent des dispositions que de nombreuses ONG jugent liberticides et à même de fragiliser la démocratie.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.