Depuis la mort de Jean-Marie Le Pen, le 7 janvier, de nombreuses personnalités lui ont rendu hommage. « Un combattant » pour le premier ministre, François Bayrou. Un « visionnaire » pour le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. Comme si le vieux leader d’extrême droite, cofondateur du Front national en 1972, avait changé dans ses dernières années, tournant le dos à une vie de racisme et d’antisémitisme… Et pourtant, il n’en était rien : Le Pen n’a jamais cessé d’être Le Pen ; pas question, à ses yeux, d’entrer dans le moule de la normalisation tant souhaitée par sa fille Marine. Le Monde peut en témoigner : entre 2018 et 2022, nous l’avons rencontré une vingtaine de fois au total, au manoir de Montretout, dans sa villa de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), à La Trinité-sur-Mer (Morbihan) ou dans un hôtel de Jungholtz (Haut-Rhin). Des entretiens réguliers, enregistrés avec son accord, qui montrent Jean-Marie Le Pen tel qu’il a toujours été : homophobe, raciste, antisémite.
Parmi la multitude de sujets abordés, un seul déclenche parfois ses colères : « sa » guerre d’Algérie. L’ancien para du 1er régiment étranger de parachutistes de la Légion étrangère avait reconnu, en novembre 1962 dans le journal Combat, avoir « torturé parce qu’il fallait le faire ». Il l’a ensuite nié, tout le reste de sa vie, malgré l’accumulation de preuves : des témoignages de victimes recueillis au début des années 1980 par Le Canard enchaîné et Libération, puis, en 2002, une enquête accablante du Monde dévoilant l’existence d’un poignard gravé au nom « JM Le Pen, 1er REP », laissé sur les lieux de l’assassinat d’Ahmed Moulay, torturé par les parachutistes en 1957. Jean-Marie Le Pen avait perdu son procès pour diffamation contre le quotidien.
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