S’intéresser à la préhistoire, c’est se mettre au bord d’un abîme temporel, se noyer dans des durées difficilement concevables à l’aune de nos courtes existences et mémoires. « La préhistoire représente plus de 99 % du temps de la vie humaine sur la planète », résument Clothilde Chamussy et Lucas Pacotte, dans l’avant-propos de leur dernier ouvrage, 49 petites histoires de la préhistoire (De Boeck Supérieur, 2024). Pour ces deux archéologues de formation, qui tiennent la chaîne YouTube « Passé sauvage », le pari consistait donc à compacter cette immensité en moins de 200 pages.
Le pari est tenu, non sans un certain talent de vulgarisation. Les auteurs ont pris le parti de ne pas suivre un ordre strictement chronologique, mais plutôt de nous promener dans la longue aventure de l’humanité et dans celle de la science préhistorique, avec ses hypothèses qui s’écroulent, ses techniques qui se raffinent et ses diverses disciplines qui s’enrichissent les unes les autres.
On y croise des anthropologues, des spécialistes de la céramique, de l’ADN ancien ou de la datation radiométrique, mais aussi des expérimentateurs qui reproduisent les gestes des tailleurs de silex. Chacun des chapitres se présente sous la forme d’une fiche de trois pages agrémentée d’un petit encadré et, à l’occasion, d’une illustration. Le tout ressemble à une sorte de buffet où l’on pioche des zakouski préhistoriques selon son appétit.
Heureux rectificatifs
Il y a là des figures imposées, comme les mégalithes, le peuplement de l’Amérique, les « Vénus » sculptées du paléolithique, mais également des passages moins attendus, tel celui consacré aux villages palafittes, c’est-à-dire implantés sur pilotis au-dessus des lacs alpins. On en profite aussi pour rectifier certaines erreurs qui traversent les générations, comme la fameuse « chasse à l’abîme » de la roche de Solutré (Saône-et-Loire). Au pied de cet escarpement, la découverte d’innombrables ossements de chevaux avait fait imaginer des chasseurs préhistoriques poussant les équidés à se précipiter dans le vide. Alors que Solutré était, plus banalement, un site d’abattage et de boucherie pour les troupeaux de chevaux du voisinage.
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