La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par Israël et les Etats-Unis, a annoncé, mercredi 16 juillet, la mort de 20 personnes qui attendaient de l’aide, accusant des individus armés d’avoir provoqué « une bousculade » ; une version contestée par des sources palestiniennes.
« D’après les informations dont nous disposons, 19 des victimes ont été piétinées et une autre a été poignardée dans une bousculade chaotique et dangereuse provoquée par des agitateurs dans la foule », a précisé la GHF.
Son porte-parole, Chapin Fay, a plus tard déclaré que l’événement meurtrier avait été « provoqué par des agents armés du Hamas qui ont infiltré la foule et incité de manière délibéré au chaos ». En outre, il a démenti des informations selon lesquelles du gaz lacrymogène et des coups de feu avaient été tirés en direction de la foule. « Un usage limité du gaz lacrymogène a été employé pour empêcher la perte de vies humaines supplémentaires », a précisé M. Fay, évoquant « des tirs d’avertissement dirigés en l’air à un moment donné, lorsque le personnel de la GHF s’est rendu compte qu’un enfant était piétiné ».
La défense civile de Gaza a également rapporté la mort de 20 personnes mercredi, mais a affirmé qu’elles avaient succombé à des « tirs de l’occupation israélienne » à la suite d’un mouvement de foule parmi les personnes en quête de nourriture dans la zone d’Al-Tina, au sud-ouest de Khan Younès, près d’un centre de distribution d’aide.
Plus tôt, un médecin de l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, avait annoncé avoir reçu les corps de neuf personnes, « dont plusieurs enfants », tuées dans ce secteur à la suite de tirs de l’armée israélienne et du personnel de sécurité de la GHF.
La GHF a entamé ses opérations à Gaza à la fin de mai et répète régulièrement que ses opérations de distribution à l’intérieur de ses centres se déroulent sans encombre.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège la bande de Gaza, et des difficultés d’accès sur le terrain, l’Agence France-Presse (AFP) n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations des différentes parties. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit se renseigner.
« Aucun progrès » en vue d’une trêve
Mardi, les Nations unies avaient affirmé que 875 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza alors qu’elles tentaient de trouver de quoi manger depuis le début des opérations de la GHF. L’ONU et les principales organisations humanitaires refusent de travailler avec la GHF, accusée de violer les principes humanitaires.
Dans la cour de l’hôpital Nasser, où ont été amenées les dépouilles des personnes tuées près du site de distribution, un homme qui a assisté à la scène a expliqué à l’AFP sur place que « cette aide [était] un piège ». « Ils nous tirent dessus, lancent des bombes et nous aspergent du gaz [lacrymogène] dans les yeux », a-t-il dit.
« Ce qui se passe sur le terrain confirme les intentions et les plans de l’occupation [Israël] de maintenir et de prolonger son contrôle militaire dans la bande de Gaza », a commenté un membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm.
Par ailleurs, un haut responsable du Hamas ainsi que deux sources palestiniennes proches des négociations indirectes avec Israël ont démenti, mercredi, les informations publiées par des médias israéliens selon lesquelles les pourparlers en vue d’une trêve à Gaza progressaient. « Aucun progrès n’a été réalisé jusqu’à présent dans les négociations indirectes en cours à Doha entre les délégations du Hamas et d’Israël », a déclaré à l’AFP l’une des sources palestiniennes.
Israël et le Hamas ont entamé, le 6 juillet au Qatar, des discussions indirectes en vue d’une trêve de soixante jours associée à une libération d’otages. Mais les deux parties s’accusent mutuellement d’enrayer les pourparlers.
« Nous saurons dans les prochains jours si nous avons ou non un accord », a déclaré mercredi à Gaza le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, selon un communiqué.