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Histoires Web vendredi, décembre 13
Bulletin

La revue des revues. La raison gouverne peut-être la modernité, mais un autre règne la hante : celui de l’occulte. Ces derniers temps, ce continent secret revient dans la lumière. En septembre, le chercheur Grégory Delaplace a publié une anthropologie des fantômes (La Voix des fantômes, Seuil, 272 pages, 22 euros) et son confrère Philippe Charlier se fait commissaire de l’exposition « Zombis. La mort n’est pas une fin ? », au Musée du quai Branly. Ces deux anthropologues ouvrent, avec des entretiens, le sixième numéro de Zone critique (176 pages, 20 euros) , dont le titre – « Spectres » – résonne décidément avec cet air du temps.

« Le fantôme est avant tout un fantasme, c’est-à-dire une apparition aussi désirée que redoutée, au carrefour du visible et de l’invisible », introduit Pierre Poligone, codirecteur de cette jeune revue culturelle. Cet élégant numéro offre une captivante immersion dans le monde des spectres. A rebours des revues cloisonnées dans une discipline, Zone critique propose une traversée plurielle, donc rafraîchissante. Il y a de l’anthropologie, de l’art (dont une très belle galerie d’images se parcourant comme un « musée nocturne et imaginaire »), du cinéma (les Japonais se révèlent en pointe en matière de fantômes), comme des reportages. On se délecte du portrait d’une voyante de Belleville, d’une virée avec des satanistes marseillais ou encore du récit d’une nuit passée dans un manoir hanté.

« Manifeste halluciné »

L’essentiel est laissé à la littérature, l’ADN de Zone critique. Le programme est copieux : deux entretiens avec des critiques littéraires connus, Juan Asensio et François Angelier, sur l’horreur et le mal, une poignée de lectures éclectiques où l’on croise Théophile Gautier, Alberto Moravia ou encore Jerome K. Jerome, et une large part donnée aux textes créatifs, qui occupent le dernier tiers de cet épais volume. L’ensemble commence par un « Manifeste halluciné » de l’écrivain Nicolas Chemla : « Nous revendiquons une littérature à l’approche de l’abîme qui fonde le réel, comme à l’approche du trou noir qui nous fonde et fonde l’Univers, engendre la galaxie et toute sa matière. »

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