« Le pari risqué » du premier ministre à la une de la presse nationale
Le premier ministre a annoncé, lundi, qu’il engagerait la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre sur son plan d’économie budgétaire, suscitant la surprise de la presse tout comme celle des formations politiques.
Une annonce qui, sans surprise, elle, a fait la une des journaux nationaux, tous s’accordant sur le « pari » risqué du premier ministre. « Pour susciter un électrochoc, il faut jouer de l’effet de surprise », écrit Les Echos. « Son budget allait être refusé, la censure votée, il était condamné. Restait le coup de poker, ce vote de confiance qui permettrait peut-être de créer un sursaut, et à défaut lui donnerait l’occasion de sortir par le haut. Ne pas attendre le couperet : le devancer », analyse le journal économique. « La meilleure défense, c’est l’attaque », renchérit le journaliste Guillaume Tabard, dans un éditorial du Figaro (classé à droite), évoquant le « coup de poker » de François Bayrou.
Pour Libération, plus qu’un coup de poker, cette action est « une opération kamikaze », selon le « billet » du journaliste Jonathan Bouchet-Petersen – terme également repris par Nicolas Charbonneau dans un éditorial du Parisien. La une de Libération ne ménage pas le premier ministre : « Vote de confiance, Bayrou s’auto-dissout ». C’est aussi l’avis du journal (classé à gauche) L’Humanité, qui estime que le premier ministre a « organisé sa propre chute » ajoutant que le « compte à rebours » était désormais « enclenché ». Dans un éditorial salé, Maud Vergnol dénonce le « cynisme » d’une telle décision qui sonne « comme un aveu d’échec ».
Libération se moque aussi de ce qu’il nomme les « derniers jours d’un condamné », sans pour autant oublier les différents chantiers lancés par François Bayrou, cet « énième fossoyeur de l’Assurance-maladie », selon le médecin et écrivain Christian Lehman, qui tient une chronique dans le quotidien.
Le quotidien La Croix écrit en une de son journal papier : « Attention, dangers », mais reste ensuite plutôt factuel et descriptif sur l’annonce faite par le premier ministre. François Bayrou avait envisagé, le 15 juillet, la suppression de deux jours fériés pour réduire le déficit – estimant que pour augmenter la production, il était nécessaire que les Français travaillent plus ; le journal pose donc la question : « Les Français travaillent-ils vraiment moins que les autres ? ».
Enfin, outre le coup de poker, c’est bien « le panache » du premier ministre qui est mis en avant de manière tantôt sérieuse tantôt ironique. En effet, la chute du gouvernement Bayrou était sans doute « prévisible », comme le rappelle L’Opinion, alors que le premier ministre avait braqué les oppositions et les partenaires sociaux ; en choisissant lui-même la date de sa possible porte de sortie, le premier ministre reprend en main son destin. Finalement, « le vieux briscard qu’on pensait connaître ne cesse de faire mentir son image », estime Les Echos.