A bord de Macif Santé Prévoyance, cela va comme un mauvais lundi pour Charlie Dalin. Toujours leader du trio de tête du Vendée Globe, en ce 16 décembre, il a vu fondre tout le week-end l’avance dont il disposait sur ses deux poursuivants. Et il risque de ne pas pouvoir contenir beaucoup plus longtemps l’inexorable remontée de Yoann Richomme (Paprec-Arkéa).

Ce dernier ne pointait plus qu’à 25 milles (environ 45 km) de lui au classement provisoire de 11 heures. Et, en dépit de la perte de son foil tribord il y a plusieurs jours, Sébastien Simon (Groupe-Dubreuil), 3e, à 117 milles (environ 215 km) s’accroche ferme, alors que les trois navigateurs sont en passe d’être rattrapés par une dorsale – zone de transition sans vent entre deux dépressions.

Lire aussi | L’actuel 2e du Vendée Globe, Sébastien Simon, victime d’une avarie majeure

Malgré un « état permanent » de fatigue, Charlie Dalin refuse de céder au pessimisme. « C’est frustrant d’avoir fait tous ces bons coups dans l’[océan] Indien et de me retrouver là [dans l’océan Pacifique] à cause de la météo, mais c’est le jeu », s’efforce-t-il de philosopher, joint au téléphone lundi matin.

« Le vent va mollir graduellement et tomber à une quinzaine de nœuds de [secteur] sud. On va buter dans une zone de vent faible, donc cela va malheureusement continuer un peu à retasser [le classement]. Et surtout, comme ce vent arrive tout droit de l’Antarctique, on va se peler sur les trois-quatre prochains jours, avec deux ou trois degrés à bord », prévient le skippeur normand de 40 ans.

A nouveau synchronisé avec le fuseau horaire de la France

Résolument tourné vers l’avenir, il pointe néanmoins des motifs de réjouissance. « Je devrais bientôt arrêter de manger mon pain noir parce qu’on pourra bientôt faire du reaching [allure où le bateau est perpendiculaire au vent], une allure que j’aime et mon bateau aussi », poursuit-il. Charlie Dalin refuse aussi de s’inquiéter du groupe de chasse de dix bateaux, qui s’apprêtent à bénéficier de conditions avantageuses permettant de refaire une partie de leur retard : premier d’entre eux, Thomas Ruyant (Vulnerable), qui occupe la 4e position, pointait à 11 heures à 810 milles (1 500 km) de lui, quand la dernière, la Britannique Samantha Davies (Initiatives-Coeur), 13e, se trouvait à 1 270 milles (2 350 km).

« Je me trompe peut-être, mais ils me paraissent quand même vachement loin pour revenir jusqu’à nous. Je ne les ai pas routés, car je n’ai pas envie de perdre de temps, je me concentre sur ma course et il se passera ce qu’il se passera », déclare le skippeur, qui a franchi l’antiméridien, cette ligne qui traverse, du nord au sud, la Russie, les Etats-Unis dans l’archipel des îles Aléoutiennes, Fidji et la Nouvelle-Zélande pour finir en Antarctique.

Ce passage l’a fait reculer d’une journée, tout comme Yoann Richomme et Sébastien Simon un petit peu plus tard. A avaler les fuseaux horaires dans la rigueur du grand sud, on perd la notion du temps et on ne sait plus guère où l’on habite. C’est pourquoi Charlie Dalin attendait ce moment avec impatience. « Plus que la mi-parcours [qu’il a passée le 13 décembre en tête], l’antiméridien symbolise pour moi le retour à la maison ; je vais me sentir moins éloigné et je vais pouvoir vivre resynchronisé avec le fuseau horaire de la France, de la famille, de l’équipe ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Vendée Globe 2024 : au milieu de l’océan Indien, un bout de terre de France pour Violette Dorange

Il navigue maintenant tendu vers la prochaine marque virtuelle de cette chevauchée de 45 000 km que constitue le point Nemo. Ce point de passage de l’océan Pacifique Sud, situé à plus de 2 600 kilomètres de toute terre émergée et à cinq ou six jours des premiers secours potentiels constitue le summum de l’isolement sur la planète. Mais ce n’est pas pour lui un sujet d’angoisse. « On ne se trouve plus alors très loin du cap Horn et le virage dans l’Atlantique sud est proche », note-t-il.

Et de trois, pour les abandons chez les monocoques volants

Loin derrière lui, à l’entame de la sixième semaine de navigation pour les concurrents de cette course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance partie des Sables-d’Olonne (Vendée) le 10 novembre, les montures manifestent de sérieux signes d’usure et les marins en pâtissent. Dimanche 15 décembre à 22 h 45 (heure française), Medallia, le monocoque à foils de la Britannique Pip Hare a démâté à 800 milles (près de 1 500 kilomètres) au sud des côtes australiennes alors que la navigatrice de 51 ans, 19e de l’édition 2020-2021, se trouvait en 15e position.

Newsletter

« Sport »

Enquêtes, reportages, analyses : l’actualité du sport dans votre boîte e-mail chaque samedi

S’inscrire

« Je ne sais pas ce qui s’est passé, Medallia a décollé et quand il a atterri, le mât est tombé, c’est donc la fin du Vendée Globe 2024 », a-t-elle annoncé lundi matin, en larmes, dans une vidéo. « Je vais bien, j’ai travaillé trois heures pour tout remettre en ordre, j’avance à 4 nœuds (un peu plus de 7 km/h) sous gréement de fortune, je suis à 700 milles de la terre et j’espère y arriver avec un plan pour faire vite renaviguer Medallia et reprendre les courses ».

Après les abandons de Maxime Sorel (V and B-Monbana-Mayenne), blessé à une cheville, et Louis Burton (Bureau Vallée), victime d’une avarie de gréement, Pip Hare est le troisième pilote d’un foileur (monocoque volant) à jeter l’éponge. Mais la flotte des quinze bateaux à dérives droites connaît aussi son lot de difficultés. Confronté à la casse sur une partie de son gréement, samedi 14 décembre, le Hongrois Szabolcs Weöres (New Europe), 38e à plus de 7 000 milles (près de 13 000 km) de Charlie Dalin, semble avoir mis le cap sur l’Afrique du Sud, ce qui augure d’un potentiel abandon.

Dans l’océan Indien, sous le vent de l’île Saint-Paul, Antoine Cornic (Human Immobilier), 33e à 4 300 milles (près de 8 000 km) s’est mis au mouillage, ce lundi, pour réparer son chariot de grand voile avant de reprendre sa course. Et Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo for a job), 23e, a passé la nuit dernière à résoudre une avarie de vérin de quille. Il a bénéficié des conseils – autorisés – de son équipe à terre et de ceux de son concurrent, et mentor, l’expérimenté Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère-Armor Lux), 65 ans, qui dispute là son sixième Vendée Globe et pointait, lundi matin, en 17e position et en tête des bateaux à dérives, à un peu plus de 3 000 milles (environ 5 500 km) de Charlie Dalin.

Avarie pour Damien Seguin

Damien Seguin (Groupe Apicil) a été victime d’une avarie dans la soirée de vendredi 13 décembre. Dans des conditions de vent fort et une mer importante, une cadène a été arrachée et a entraîné une voie d’eau à bord, désormais maîtrisée, a communiqué la direction du Vendée Globe, expliquant qu’il y a eu deux tentatives de réparation. La première a échoué à cause d’une vague, Damien Seguin se blessant à cette occasion : il a eu un choc sur le cou et l’oreille avec un léger saignement et une douleur au genou. Samedi matin, à 7 heures, il était classé en 17e position.

Réutiliser ce contenu
Share.
Exit mobile version