Victor Vasarely (1906-1997) a connu la gloire, puis une longue éclipse. Il y a au moins deux raisons à cette dernière : sa volonté affirmée de créer un art pour tous, reproductible et diffusé en masse – mauvaise nouvelle pour ses marchands –, et, surtout, une succession des plus complexes, au point que même les spécialistes s’y perdaient. Un écheveau que démêle habilement la journaliste Julie Malaure dans un livre bien documenté, dont le sous-titre est déjà tout un programme : « L’héritage maudit ».

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Ces mots sonnent comme un polar, et par bien des côtés, c’en est un. Julie Malaure dresse d’abord la figure du Commandeur, qui, après des études de médecine rapidement abandonnées, intègre l’académie Mühely de Budapest : il fait siens les principes du Bauhaus et met l’accent sur les techniques de la publicité. En 1931, c’est comme publicitaire que Vasarely s’installe à Paris et rencontre un réel succès. Sa vie sentimentale est moins rigoureuse que son travail : marié et père de famille, il devient l’amant, mais aussi le conseiller, de Denise René (1913-2012), dont la galerie parisienne, l’une des plus importantes de l’après-guerre, imposera l’abstraction géométrique.

Après avoir mis ses deux fils (André, médecin, et Jean-Pierre, artiste dans la lignée de son père sous le pseudonyme « Yvaral ») à l’abri du besoin, Vasarely consacre sa fortune à la constitution d’une fondation, à Aix-en-Provence, qui est inaugurée en grande pompe par Claude Pompidou. Dans sa biographie, Julie Malaure dévoile alors une série de personnages tantôt funestes, tantôt burlesques, voire les deux en même temps. Tous ou presque n’ont qu’un but : sous le couvert de valoriser l’œuvre de l’artiste, ils veulent en tirer profit.

Scénario à rebondissements

Le premier est le doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, Charles Debbasch (1937-2022), à qui est confiée l’élaboration, sur le plan administratif, de la fondation : il puise largement dans les réserves pour améliorer son train de vie avant d’être rattrapé par la justice et de finir sa carrière comme conseiller en droit constitutionnel de la présidence togolaise. Vasarely, dont la santé décline, est mis sous tutelle en 1994, et, pour conseiller la famille, l’avocat Yann Streiff succède à Charles Debbasch.

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