Ministre du logement dans le gouvernement Michel Barnier, Valérie Létard est une des rares à avoir conservé son portefeuille dans le gouvernement Bayrou. Cette ancienne sénatrice est reconnue pour sa connaissance des dossiers.

Les acteurs de l’immobilier estiment que celui-ci est fortement taxé, pensez-vous que cela accentue la pénurie de logements ?

Il est légitime que les acteurs du secteur s’interrogent sur le niveau de fiscalité qui pèse aujourd’hui. Son évolution peut avoir un effet dissuasif, voire bloquant, sur la production comme sur la mise en location de logements. Nous en avons pleinement conscience. Les Français voient de moins en moins l’intérêt d’investir dans la pierre et c’est problématique. Il faut redonner confiance et rendre à nouveau l’investissement locatif désirable.

La suppression de certains avantages fiscaux, notamment sur les meublés de tourisme, avec la loi portée par Inaki Echaniz et Annaïg Le Meur, a permis de corriger des déséquilibres flagrants. Mais cette correction ne répond pas à la question de l’attractivité pour les bailleurs qui investissent dans le parc locatif classique, souvent avec des marges déjà faibles.

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L’outil fiscal ne peut pas non plus, à lui seul, répondre à tous les défis du logement. Il doit rééquilibrer et s’articuler avec une politique foncière et d’aménagement volontariste et un soutien fort à la production de logements abordables. C’est dans cette direction que nous avançons.

Le statut du bailleur privé peut-il redonner envie aux propriétaires de revenir sur ce marché ?

Le statut du bailleur privé doit reconnaître l’engagement des propriétaires particuliers qui investissent dans le marché locatif et leur donner envie d’investir davantage, à hauteur de nos besoins. Avec le ministre de l’économie et des finances, Eric Lombard, nous avons confié au député Mickaël Cosson et au sénateur Marc-Philippe Daubresse une mission pour enfin mettre en place le statut du bailleur privé, dont le secteur du logement parle depuis des années. Il s’agira de proposer, d’ici à l’été, un cadre fiscal pérenne et attractif pour relancer l’investissement locatif privé. Les propositions issues de cette mission devraient nourrir le projet de loi de finances pour 2026.

Quels dispositifs prévoyez-vous pour relancer l’accession à la propriété ?

Relancer l’accession à la propriété répond à un double enjeu : soutenir les ménages dans leur parcours résidentiel et redonner de l’oxygène à un secteur de la construction en grande difficulté. Depuis le 1ᵉʳ avril, le prêt à taux zéro (PTZ) est élargi à tous les primo-accédants pour tous les logements neufs, qu’ils soient collectifs ou individuels, et sur l’ensemble du territoire. Nous estimons que ce changement permettra de soutenir au minimum 15 000 projets d’accession supplémentaires chaque année.

Dans le parc ancien, le PTZ reste mobilisable en zone détendue, quand on procède à des travaux de rénovation énergétique. Et nous avons levé un frein important : les ménages bénéficiaires du PTZ dans l’ancien n’avaient, jusqu’ici, pas accès à MaPrimeRénov’ avant cinq ans. Cette règle pénalisait les projets d’achat couplés à une rénovation rapide : nous l’avons supprimée.

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Nous avons également agi pour lever les obstacles financiers qui freinent l’accession, en particulier la constitution de l’apport initial. L’exonération de droits de donation jusqu’à 300 000 euros permet aux familles de soutenir plus facilement un enfant ou un petit-enfant dans son premier achat. Je tiens à rappeler que les primo-accédants seront exemptés de la hausse des droits de mutation que pourrait décider leur conseil départemental à la suite de l’adoption de la LFI pour 2025. L’achat d’un premier logement ne doit pas devenir plus coûteux à cause de la fiscalité.

Ces mesures, prises ensemble, traduisent une politique cohérente et résolument tournée vers l’avenir, pour les propriétaires comme pour les locataires, en soutenant la construction neuve et la rénovation.

Cet article a été réalisé dans le cadre des Rencontres de la fiscalité, un événement organisé par Le Monde et Le Cercle des fiscalistes, et avec le soutien de KL Conseil. Il aura lieu à partir de 18 h 30, le 29 avril, à la chambre de commerce et d’industrie de Lille. Accès gratuit sur inscription. Retrouvez le détail de la programmation sur le site.

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