La carrière d’Aubigny-Les Clouzeaux (Vendée), à quelques kilomètres de La Roche-sur-Yon, est devenue en 2022 une vaste étendue silencieuse, dont l’eau reflète comme un miroir les nuages peuplant le ciel vendéen. Sur l’une des parois de granit qui se dressent au-dessus de l’ancienne zone d’extraction de matériaux, deux « niches » sont prêtes à accueillir les prochains petits du duo de faucons pèlerins qui s’établit là depuis six ans. « Ils sont devenus nos mascottes », assure Laurent Terreaux, l’un des techniciens de Vendée Eau, le syndicat d’eau devenu propriétaire des lieux. « On n’est pas rancuniers », s’amuse le quinquagénaire, emmitouflé dans une polaire bleue, aux couleurs du service public de l’eau. Il y a quatre ans, la nidification de ces oiseaux protégés avait retardé le remplissage de l’ancien site industriel et, par là, sa reconversion en immense réservoir destiné à l’eau potable.

Malgré un intérêt ancien pour la question, notamment en Bretagne, les transformations de ce type restent peu nombreuses. Plusieurs projets sont en gestation. « Il faut qu’on se prépare à plusieurs années de sécheresse », plaide la présidente du conseil départemental des Deux-Sèvres, Coralie Denoues (centre droit), où un dossier est en cours d’étude. Son homologue finistérien, Maël de Calan (divers droite), espère acquérir une première carrière bientôt, alors que son territoire, « vulnérable », manque de nappes souterraines. Celui-ci dépend surtout des cours d’eau et des retenues pour son approvisionnement en eau potable. Une caractéristique à rebours de la plupart des autres territoires, qu’il partage avec la Vendée. Celle-ci tire 94 % de ses ressources des eaux dites « de surface » (contre 35 % en moyenne pour la France).

Or, ces masses d’eau sont bien plus fragiles que les nappes souterraines, notamment en été, avec l’accroissement de la fréquence et l’intensité des sécheresses liées au changement climatique. En parallèle, les prélèvements destinés à l’eau potable ont augmenté. La démographie progresse (+ 65 000 habitants en dix ans, selon l’Insee), et le tourisme génère des pics de consommation, met en avant Denis Guilbert, le directeur de Vendée Eau.

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