Le 16 juillet, il n’y a pas qu’en France qu’un projet de budget était mis en débat. A Bruxelles, la Commission européenne présentait sa proposition de réforme du cadre financier pluriannuel 2028-2034 – autrement dit, son projet de budget européen –, ainsi que celle de la politique agricole commune (PAC) pour la même période. Il est logique que les deux soient liées, car le budget de la PAC représentait jusqu’à maintenant à lui seul entre 30 % et 40 % du budget total de l’Union.

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Hélas, dans un cadre général de déconstruction méthodique de la solidarité européenne, l’agriculture est l’une des grandes sacrifiées, au profit d’une technocratie centralisée et d’une nationalisation rampante du budget européen. Derrière les termes flatteurs de « simplification » et de « flexibilité », c’est une régression sans précédent du projet européen qui est à l’œuvre.

Dans le détail, la PAC telle que nous la connaissons est vidée de sa substance. Ses deux piliers, le soutien au revenu des agriculteurs et le développement rural, sont fusionnés. Elle devient une simple ligne au sein d’un mégafonds budgétaire baptisé « fonds de partenariat national et régional », aux côtés des fonds de cohésion, du fonds social européen, des politiques migratoires ou encore du fonds social pour le climat. Ce mégafonds serait ensuite éclaté en 27 enveloppes nationales discutées bilatéralement entre chaque Etat membre et la Commission. Ainsi fusionnée, diluée et nationalisée, la PAC n’est plus une politique identifiable. Elle perd ses priorités, ses lignes spécifiques, ses objectifs transnationaux. Enfin, le budget alloué au dispositif est réduit de plus de 20 % par rapport à la période actuelle.

La liquidation d’une ambition

Il est loin le temps où la droite européenne versait des larmes de crocodile sur les difficultés du monde agricole, lorsque les agriculteurs manifestaient partout en Europe pour dénoncer la baisse de leurs revenus. Les masques tombent. Ce que propose la Commission, ce n’est pas une réforme de la PAC, mais la liquidation d’une ambition pour une agriculture européenne plus juste, plus écologique et plus souveraine.

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