Les déclarations fracassantes de Donald Trump, le 7 janvier, lors d’une conférence de presse largement consacrée à sa future politique internationale, ont brutalement réveillé les souvenirs de son premier mandat et bousculé jusqu’aux Etats les mieux disposés face à la nouvelle administration. Le président élu américain a alors envisagé d’utiliser la force pour se saisir du Groenland et du canal de Panama, menacé le Canada de coercition économique, et déclaré que les pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) devaient porter leur budget de défense à 5 % de leur PIB. Quant aux incertitudes sur l’attitude américaine face à la guerre russe en Ukraine et la tentation d’une « paix » se faisant sur le dos des Ukrainiens et des Européens, elles renforcent encore l’anxiété du Vieux Continent.
Face au retour de Donald Trump, les Européens sont divisés. Certains comptent parmi ses plus fervents supporteurs, du hongrois Viktor Orban aux leaders populistes qui partagent ses obsessions et font écho à ses priorités. De nombreux pays espèrent encore tirer profit de leurs liens, historiques ou démographiques, ou de leur situation particulière (dépenses militaires élevées, déficit commercial avec les Etats-Unis, liens en matière de renseignement) pour « bilatéraliser » leur relation avec la nouvelle administration Trump et se mettre à l’abri de la tempête transatlantique qui s’annonce. D’autres s’accrochent à l’expérience du premier mandat pour se rassurer en notant que les relations transatlantiques ont survécu et que le propre d’une approche transactionnelle est la recherche d’un « deal ».
Face à ces affirmations, il est important de noter avant tout les profondes différences entre Trump 1.0 et Trump 2.0. En 2017, Donald Trump était bien moins préparé. Et les républicains traditionnels qui formaient son entourage – Jim Mattis, Rex Tillerson, Herbert Raymond McMaster, John Francis Kelly – modéraient, voire contredisaient ses instincts. En 2025, son cercle rapproché se compose essentiellement de loyalistes, décidés à mettre en œuvre son agenda intérieur comme international, et de milliardaires issus de la Big Tech qui s’opposent à l’approche régulatrice de l’Union européenne (UE) et soutiennent ouvertement les partis populistes en Europe.
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