La pluie s’est invitée au Palais-Bourbon. Mercredi 25 juin dans la soirée, la violence de l’orage qui s’est abattu sur Paris a endommagé le toit de l’édifice et permis à un mince filet d’eau de s’écouler au beau milieu de l’Hémicycle. Le premier ministre, François Bayrou, a été légèrement éclaboussé et la séance suspendue. « Vous vous êtes aperçu qu’il pleuvait ? », s’est-il inquiété auprès de Roland Lescure, vice-président de l’Assemblée nationale.

Les responsables politiques sont souvent très attentifs à l’interprétation de ce genre de signes et aux images qu’ils produisent. De nombreux commentateurs s’amusent à y voir un funeste présage pour l’avenir du gouvernement, mais quitte à y voir une parabole, autant considérer l’événement comme un rappel aux députés que, même dans le Palais-Bourbon, ils ne peuvent échapper tout à fait à la réalité physique du monde extérieur.

Sur la question environnementale, une part grandissante du personnel politique semble entretenir un rapport toujours plus distendu à cette réalité, jusqu’à parfois l’ignorer complètement. Le 19 juin, dans le même cénacle, et alors que commençait à sévir une canicule précoce, les députés présents votaient un moratoire sur le développement des énergies renouvelables – rappelons que la multiplication et l’aggravation des canicules est l’un des effets du réchauffement en cours, et qu’il n’existe aucun scénario de décarbonation qui n’ait recours aux énergies renouvelables. A la rédaction du Monde, la lecture de la dépêche relayant l’information a suscité chez les journalistes des rubriques concernées un moment d’incrédulité et de stupéfaction, certains se demandant si une coquille ou un contresens ne s’était pas glissé dans le texte. Mais non, c’était bien ce qu’il venait de se produire : en pleine canicule, un bras d’honneur parlementaire au climat.

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