
Avec des nuits de plus en plus longues et une température nocturne encore relativement clémente, le début de l’automne est l’une des meilleures périodes de l’année pour admirer la Voie lactée du crépuscule à l’aube aux latitudes de la France métropolitaine. Son pâle éclat n’est visible à l’œil nu que dans un ciel suffisamment sombre, il convient donc de s’éloigner des sources de lumière artificielle les plus intenses et de choisir une période sans Lune. Une bonne heure après le coucher du Soleil, alors que les étoiles envahissent la voûte céleste, la Voie lactée se dresse comme un pilier au-dessus de l’horizon sud-ouest. Si vous n’allumez aucune lumière et que votre vision s’est habituée progressivement à l’obscurité vous distinguerez cette trace vaporeuse irrégulière avant même la fin du crépuscule et elle deviendra vraiment évidente au début de la nuit depuis les bons sites.
Dans la moitié sud de la France et selon la qualité de votre ciel à l’approche de l’horizon, vous parviendrez ou non à voir l’éclat rougeoyant d’Antarès, l’étoile principale de la constellation du Scorpion peu avant son coucher, mais elle disparaît rapidement et laisse les étoiles du Sagittaire et d’Ophiuchus occuper l’horizon sud-ouest. En levant progressivement la tête, les constellations de l’Écu, de l’Aigle et de la Lyre s’imposent et, accrochée au zénith, la grande figure du Cygne les domine (consultez la carte du ciel disponible un peu plus loin dans ce billet). Les brillantes étoiles Altaïr de l’Aigle, Véga de la Lyre et Deneb du Cygne délimitent l’astérisme du Triangle de l’été qui glisse vers l’ouest dans la nuit puis plonge partiellement sous l’horizon nord-ouest avant l’aube.
S’asseoir dans une chaise longue et se promener dans le bandeau galactique avec des jumelles est un pur délice tant il fourmille de nébuleuses, d’amas et de beaux regroupements stellaires ; on tombe même parfois sur des étoiles ou des paires d’étoiles vivement colorées ! Il existe bien sûr des atlas ou des applications pour les identifier et pour connaître leurs caractéristiques physiques, mais, dans un premier temps, une lente déambulation visuelle permet d’apprécier sereinement leur splendeur en laissant son imaginaire se déployer vers l’infini. Pensez à déplacer votre chaise longue pour prolonger votre découverte en suivant la Voie lactée jusqu’à l’horizon nord-est ! Elle perd de son éclat et de son épaisseur au niveau des constellations de Céphée, de Cassiopée et de Persée, mais il y a là quelques agglomérations d’étoiles d’une rare beauté comme le double amas de Persée qui est suffisamment brillant pour être distingué à l’œil nu à côté du W de Cassiopée.
La Voie lactée semble pivoter autour du zénith au fil des heures et sa base s’enfonce inexorablement sous l’horizon ouest puis nord-ouest. Au cœur de la nuit, alors que le Triangle de l’été est visible au-dessus de l’horizon ouest, la magnifique constellation d’Orion fait son apparition de l’autre côté de la voûte céleste. Une Voie lactée pâlichonne se faufile sur sa gauche et il faut vraiment un ciel très sombre pour la voir à l’œil nu. Avant le début de l’aube, Deneb et le Cygne flirtent avec l’horizon nord-ouest alors que Sirius du Grand Chien scintille vivement au-dessus de l’horizon sud-est. Sirius est l’étoile la plus brillante de la sphère céleste, mais son éclat est surpassé par celui des planètes Vénus et Jupiter qui surplombent l’est et sont actuellement baignées par la lueur de la lumière zodiacale à l’orée de l’aube.
À lire également
Chaque mois, je vous propose de découvrir mes nouvelles images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.
Phases de la Lune en octobre
La Lune est pleine le 7 dans les Poissons, au dernier quartier le 13 dans les Gémeaux, nouvelle le 21 dans la Vierge et au premier quartier le 29 dans le Capricorne.
Quelques rendez-vous sous le ciel d’octobre
Au cours de la nuit du dimanche 5 au lundi 6 octobre, la Lune gibbeuse croissante pratiquement pleine passera au nord de Saturne. Une heure après le coucher du Soleil, dans le ciel encore relativement clair de la fin du crépuscule nautique, ces deux astres seront à moins de quatre degrés de séparation et à une quinzaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est-sud-est. Ils passeront le méridien à une quarantaine de degrés de hauteur vers minuit et retomberont vers l’ouest en se rapprochant. Le lundi 6 octobre à l’orée de l’aube, jetez un œil à ce duo alors qu’il taquinera l’horizon ouest, une heure et demie avant le lever du Soleil.
Le vendredi 10 octobre au début de l’aube, une heure et demie avant l’arrivée du Soleil, tentez de distinguer le petit groupe des Pléiades juste à côté de la Lune gibbeuse décroissante. Trois jours après la Pleine Lune, Séléné sera encore éblouissante et il faudra cacher son disque avec le bout d’un doigt, une branche d’arbre ou le bord d’un bâtiment pour voir les petites étoiles de cet amas ouvert. Le satellite de la Terre sera sur le point d’occulter les Pléiades, mais nous ne pourrons pas observer ce phénomène qui se déroulera en plein jour pour la France métropolitaine. Avec des jumelles, il sera cependant possible de suivre le rapprochement lunaire durant l’aube malgré l’éclaircissement du fond du ciel jusqu’à ce que le limbe lunaire frôle les étoiles les plus brillantes du bord de l’amas.
Le mardi 14 octobre à l’orée de l’aube, une heure et demie avant le lever du Soleil, Jupiter et le quartier lunaire seront à quatre degrés de séparation, plus de soixante degrés au-dessus de l’horizon sud-est. La Lune sera alors pratiquement à l’aplomb des étoiles Castor et Pollux des Gémeaux et tous ces astres dessineront un vaste triangle rectangle sous le zénith. L’éclat de Jupiter est en progression régulière depuis des mois puisque la distance qui sépare la Terre de cette planète géante diminue de jour en jour avant son opposition du 10 janvier 2026, mais elle se situe tout de même encore à près de 5,1 unités astronomiques de nous – l’unité astronomique est la distance moyenne de la Terre au Soleil, soit un peu moins de 150 millions de kilomètres.
Le dimanche 19 et le lundi 20 octobre à l’aube, une heure à peine avant l’arrivée du Soleil, le très mince croissant lunaire embellira l’horizon est-sud-est non loin du point éclatant de Vénus ; leur séparation apparente sera proche de cinq degrés le 19 et de sept degrés le 20. La lumière cendrée sera encore visible le dimanche, mais la clarté du ciel nous empêchera d’en profiter aussi bien à l’œil nu le lundi ; aux jumelles, en revanche, le spectacle sera encore assuré. L’élongation solaire de Vénus est en baisse et nous approchons de la fin de la période de visibilité de cette magnifique planète dans le ciel de l’aube.
Le ciel en octobre
Carte du ciel visible en octobre 2025 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Altaïr de l’Aigle sera d’autant plus proche de l’horizon sud-ouest. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l’horizon sud-ouest.
Cette carte montre le ciel visible en octobre 2025 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
L’édition 2026 de mon ouvrage annuel sur l’observation du ciel à l’œil nu est à présent disponible dans votre librairie habituelle. Le texte passe en revue, de janvier à décembre, les plus beaux phénomènes astronomiques visibles sans instrument (conjonctions, éclipses, lumière zodiacale, Voie lactée) et les agrémente de conseils pratiques, de rappels mythologiques sur les constellations, d’informations encyclopédiques sur les planètes et les étoiles et d’idées pour observer facilement le ciel en ville ou en pleine nature. Avec plus de 140 images, cartes et schémas photographiques.