Il s’agit du premier mort enregistré aux Etats-Unis de la rougeole en près de dix ans, faisant craindre un retour en force de cette maladie très contagieuse et grave. Un mineur non vacciné est mort de la rougeole au Texas, ont annoncé, mercredi 26 février, les autorités locales. « L’enfant, en âge d’être scolarisé et n’étant pas vacciné, a été hospitalisé à Lubbock la semaine dernière et a été testé positif à la rougeole », a déclaré le ministère de la santé texan dans un communiqué. Il est mort « dans les dernières vingt-quatre heures », a fait savoir la municipalité.
Interrogé sur le sujet lors d’une réunion gouvernementale, le nouveau ministre de la santé américain, Robert F. Kennedy Jr, a déclaré que « deux personnes » étaient mortes, bien qu’aucune agence sanitaire n’ait pour l’instant confirmé ce second décès. Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère texan n’a pas immédiatement répondu. Tout en assurant suivre la situation, le ministre, a, lui, assuré que la situation n’était pas « inhabituelle » : « Nous avons des épidémies de rougeole chaque année. »
Cette mort survient alors que plus de 130 cas ont été recensés depuis le début de l’année dans les Etats du Texas et du Nouveau-Mexique, et une poignée d’autres ailleurs dans le pays. Une situation qui inquiète fortement les professionnels de santé, notamment du fait des positions antivaccins de Robert F. Kennedy Jr. Il a assuré dans le passé à plusieurs reprises qu’il existait un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et l’autisme, une théorie issue d’une étude truquée et maintes fois démentie.
Chute de la vaccination
La rougeole avait été déclarée éradiquée du pays en 2000 grâce à la vaccination, mais les contaminations sont en effet reparties à la hausse ces dernières années, à la faveur de la baisse des taux de vaccination enregistrée depuis la pandémie de Covid-19. En 2024, 285 cas de rougeole ont été recensés dans le pays, selon les autorités fédérales, contre 59 en 2023. Un nombre élevé mais moindre que les 1 274 cas recensés en 2019 lors d’une épidémie au sein des communautés juives orthodoxes de New York et du New Jersey, non vaccinées.
La dernière mort liée à la rougeole enregistrée aux Etats-Unis remonte à 2015, lorsqu’une femme de l’Etat de Washington a succombé à une pneumonie causée par le virus. Elle était vaccinée mais était sous traitement immunosuppresseur. Malgré ce risque, de plus en plus d’Américains décident de ne pas faire vacciner leurs enfants contre cette maladie, sur fond de défiance croissante à l’égard des autorités sanitaires.
Au Texas, deuxième Etat le plus peuplé du pays, comme dans de nombreux autres Etats américains, les parents peuvent invoquer par exemple une raison religieuse pour obtenir une dérogation. La plupart des cas de rougeole recensés au Texas cette année l’ont été dans un comté à la large population mennonite, communauté religieuse ultraconservatrice.
Pour Amesh Adalja, spécialiste en maladies infectieuses à l’université Johns-Hopkins, « ce n’était qu’une question de temps » pour que les Etats-Unis n’enregistrent à nouveau des morts de la rougeole. Ces décès devraient « nous rappeler qu’il y a une raison pour laquelle le vaccin a été mis au point et qu’il représente une réelle utilité pour les individus », a-t-il insisté auprès de l’AFP.
Avant la mise au point de ce vaccin au début des années 1960, la maladie tuait des centaines d’enfants chaque année aux Etats-Unis, et continue de faire des dizaines de milliers de morts à travers le monde. La proportion d’enfants en maternelle vaccinés contre la rougeole – pourtant obligatoire – est ainsi passée de 95 % en 2019 à moins de 93 % en 2023 aux Etats-Unis, avec de fortes variations régionales.