Un influenceur algérien interpellé vendredi matin à Brest à la suite de la publication de vidéos sur Tiktok appelant à commettre des actes violents a été placé en détention provisoire, samedi 4 janvier, à l’issue de sa garde à vue, a fait savoir le procureur de la République de Brest, Camille Miansoni, dans un communiqué. Agé de 25 ans, Youcef A. sera jugé le 24 février par le tribunal correctionnel de Brest pour « apologie publique d’un acte de terrorisme », a ajouté le parquet. Il encourt une peine de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros amende, précise le procureur.

Il avait été arrêté vendredi à Brest pour apologie du terrorisme et menaces de mort, à la suite de la diffusion de vidéos sur TikTok. C’est la plateforme Pharos de signalement de contenus illicites sur le net qui avait donné l’alerte en prévenant le commissariat de Brest le 1er janvier. Des policiers étaient intervenus vendredi vers 6 heures dans un quartier populaire de Brest pour interpeller Youcef A., accusé d’avoir appelé à commettre des attentats, ainsi qu’un autre homme, âgé de 41 ans, également algérien, soupçonné d’être son complice et chez qui il logeait.

Le parquet avait ouvert une enquête qui a abouti à l’interpellation des deux individus. Tous deux avaient été placés en garde à vue, mais l’hôte de l’influenceur a a été mis hors de cause et remis en liberté. Youcef A. a, lui, reconnu être l’auteur des vidéos et expliqué que son message « visait les opposants au régime en place en Algérie », précise le magistrat. Des vidéos plus anciennes avaient également été publiées au moins depuis octobre 2024.

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« Brûler vif, tuer et violer sur le sol français »

Vendredi soir, un second influenceur algérien, Imadtintin, avait lui aussi été interpellé et placé en garde à vue à Echirolles, près de Grenoble, pour des vidéos similaires à celles de Youcef A. Il avait été placé en garde à vue à la suite de menaces de mort faites « en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion », avait déclaré le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant.

Agé de 31 ans, il avait publié une vidéo, aujourd’hui retirée, appelant à « brûler vif, tuer et violer sur le sol français », selon une capture de la vidéo reprise par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui avait évoqué des propos « ignobles ». La garde à vue de ce suspect a été prolongée samedi soir et les faits ont été requalifiés en provocation directe à un acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne, a précisé samedi le procureur de la République de Grenoble.

Dans la soirée, Bruno Retailleau, qui avait déjà annoncé les premières interpellations, avait fait état de l’arrestation d’un autre « influenceur algérien ». « Lui aussi devra répondre des ignobles propos tenus sur TikTok devant la justice. Ne rien laisser passer », écrit-il sur X.

A l’origine, mardi 31 décembre, une vidéo était publiée sur le réseau social TikTok, où l’influenceur installé en Bretagne et suivi par des centaines de milliers d’abonnés, appelait en arabe, avec des sous-titres en français, à commettre des attentats en France et des violences en Algérie. « Quand les policiers m’ont signalé avoir détecté cette vidéo, je leur ai demandé de prendre contact tout de suite avec le parquet pour qu’une enquête judiciaire nous donne immédiatement les moyens d’investiguer », a expliqué à l’AFP le préfet du Finistère, Alain Espinasse. « L’influenceur algérien “Zazouyoussef” qui appelait sa communauté à commettre des attentats en France devra répondre de ses actes devant la justice », promet Bruno Retailleau sur X.

Ni fiché S ni identifié pour radicalisation

Selon TikTok, interrogé par l’AFP, le compte en question « a été banni après la publication de plusieurs vidéos identifiées comme enfreignant [les] règles communautaires [du réseau], notamment [ses] politiques relatives à la haine ». « Six copies des vidéos concernées » ont également été détectées et supprimées, ajoute la plateforme.

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Youcef A., né à Mostaganem, dans le nord-ouest de l’Algérie, a déclaré être arrivé en France en 2020 et a reçu un titre de séjour en mars 2023, valable jusqu’au 14 mars 2024, selon M. Espinasse. « Il avait un titre de séjour en tant que parent d’enfant français puisqu’il a eu un enfant avec une personne de nationalité française », a détaillé le préfet.

Lors des émeutes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel, en juin 2023, Youcef A. avait été interpellé pour avoir pris part à la dégradation d’un complexe sportif à Brest et condamné en décembre à douze mois d’emprisonnement. « Il a fait appel dans la foulée », ce qui explique qu’il n’ait pas été emprisonné, a précisé M. Espinasse. L’audience de son procès en appel est « en attente de fixation », selon la cour d’appel de Rennes.

« Compte tenu des faits dont il s’était rendu coupable, lorsque son titre de séjour est arrivé à échéance en mars 2024, j’ai décidé de ne pas le renouveler et on lui a notifié le 18 avril 2024 une obligation de quitter le territoire français (OQTF) », a ajouté le préfet, selon lequel Youcef A. a ensuite été « inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR) », mais n’était ni fiché S ni identifié pour radicalisation.

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Le Monde avec AFP

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