Semaine à hauts risques pour Sébastien Lecornu. Après avoir été profondément remanié au Sénat et rejeté, samedi 29 novembre, en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) revient mardi 2 décembre devant les députés pour une nouvelle lecture sous tension. Ce premier texte budgétaire est un crash-test pour le premier ministre, qui a fait le pari de la négociation et du compromis, se privant volontairement de l’article 49.3 de la Constitution, permettant de dépasser les blocages.

Conscient de marcher sur « une plaque de glace très fine », l’intéressé parle en privé de « moment de vérité ». Si le budget de la « Sécu » est adopté le 9 décembre, avec les voix du Parti socialiste (PS) notamment, ce qui serait inédit, une dynamique pourrait être enclenchée pour le projet de loi de finances (PLF), examiné dans la foulée. Mais si le PLFSS est rejeté, les chances de faire adopter le budget de l’Etat avant la fin de l’année deviendront quasi nulles. La méthode Lecornu aura alors échoué.

Celle-ci a déjà pris du plomb dans l’aile dans la nuit du 21 au 22 novembre, qui a vu le volet « recettes » du PLF rejeté par l’unanimité des députés, à l’exception d’un seul. La proposition d’un « emprunt forcé » sur les plus riches, présentée par le PS en lien étroit avec Matignon, n’a pas non plus obtenu le succès escompté. Tout ça pour ça, entonnent les adversaires de M. Lecornu, notamment à la droite de l’Hémicycle, où l’on reproche à ce premier ministre plastique de se mettre entre les mains des socialistes, depuis qu’il leur a concédé la suspension de la réforme des retraites.

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Alors que Michel Barnier avait remis son sort entre les mains du Rassemblement national (RN) – ce qui ne l’a pas empêché d’être censuré –, M. Lecornu préfère tenter de trouver un accord avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Les deux hommes, d’anciens collaborateurs politiques ayant en commun d’avoir été souvent sous-estimés, se sont trouvés. « C’est un pur politique, il est fiable, répète M. Faure, on parle la même langue. » A Matignon, M. Lecornu vante lui aussi sa « relation de confiance » avec le premier secrétaire, jugé « dur » mais « calme », sachant « maîtriser ses nerfs ». « La situation est difficile, on ne veut pas en rajouter », explique le premier ministre au Monde. « On partage une idée simple : le pays doit être gouverné », renchérit le premier secrétaire.

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