
Un collectif de victimes d’un prêtre, incarcéré pour pédophilie, dénonce « les silences » des diocèses de Dijon et Rabat, où le père a officié, sur leur « attitude et leur réponse » face à ces « violences », dans une lettre ouverte publiée lundi 29 septembre. Seize victimes présumées ont été recensées par le collectif « La parole accueillie », depuis la mise en examen et l’incarcération, fin mai, d’un prêtre du diocèse de Dijon pour agressions sexuelles, qui a pour l’instant reconnu quatre agressions.
Le père a officié dans de nombreuses paroisses autour de Dijon mais a été « exfiltré », selon les mots du collectif, en 2017 à Rabat à la suite d’une première plainte, depuis classée sans suite. Il est cependant rentré en France en 2024, après de nouvelles accusations au Maroc cette fois. En novembre 2024, le père est interdit « de tout ministère auprès de mineurs », selon le diocèse de Dijon, à la suite d’une plainte qui a conduit, en mai dernier, à sa mise en examen à Dijon pour « agressions sexuelles aggravées » et à son incarcération.
La plainte émane d’un jeune homme pour des faits remontant à 2010. Depuis, trois autres plaintes ont été déposées, mais le nombre de victimes pourrait être bien plus important, estime le collectif, qui tente donc de retrouver les jeunes qui ont pu être en contact avec le prêtre, à Rabat et Dijon. Mais ces diocèses ont fait preuve de « silences », écrit le collectif dans une lettre ouverte publiée lundi et dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu copie.
Dans la missive, notamment adressée aux archevêques de Dijon, Antoine Hérouard, et de Rabat, Cristobal Lopez Romero, le collectif réclame « la liste de tous les accompagnements » faits par le père « en présence de jeunes ». L’association s’interroge de plus sur « l’attitude et la réponse des autorités ecclésiastiques face aux comportements réitérés de ce prêtre ». « Des actions ont-elles été mises en place pour éviter le contact avec des jeunes à Rabat ? », puis dans la région de Dijon dès 2024, s’interroge la lettre, qui demande également si des « signalements » ont été faits à Rabat et si les antécédents du prêtre ont été communiqués à Rome et à la Commission Christnacht chargée d’expertiser la pédophilie au sein de l’institution. Ces questions sont « le moins que les victimes puissent attendre de responsables d’Eglise qui ont échoué à les protéger », conclut la lettre.