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Histoires Web samedi, septembre 28
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Passer devant Noémie Merlant toute brune sur l’affiche d’Emmanuelle à la sortie du métro et, quelques secondes plus tard, retrouver la jeune actrice toute blonde à une table de café produit sur nous quelque chose d’étourdissant. C’est un peu comme si cette vision quasi simultanée venait de nous plonger dans les entrelacs d’une sorte de Mulholland Drive, entre Betty, la starlette blonde et diaphane qui débarquait à Hollywood, et Rita, la brune pulpeuse à la vie dure, sur le point d’échanger leurs rôles. Qui est donc assise dans ce petit coin tranquille du Pure Café, dans le 11e arrondissement parisien, entre le bar et le demi-rideau qui protège des regards extérieurs, ce lundi 23 septembre ?

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« Comme on me dit toujours de rester brune pour les tournages, j’ai voulu me teindre en blonde juste pour moi, confie en souriant Noémie Merlant, dont la simplicité nous sort paisiblement de notre fantasmagorie. C’est une manière de choisir ce que je suis et peut-être aussi de me démarquer d’Emmanuelle. » Depuis quelques mois, elle constate l’effet particulier du peroxyde sur certains hommes, devenus plus familiers et insistants. « On ne m’a jamais autant demandé si j’étais célibataire. Mais je ne vais pas faire machine arrière pour cette raison, ça fait du bien au moral de changer de tête », résume-t-elle devant un cappuccino. Et puis, le jaune est sa couleur préférée.

Actrice depuis un peu plus de quinze ans, récompensée en 2023 par un César, capable de se mesurer à Kate Winslet (Lee Miller, d’Ellen Kuras, en salle le 9 octobre) après avoir joué aux côtés de Cate Blanchett (Tár, de Todd Field, sorti en 2023 en France), sa présence énigmatique, son regard qui vous hypnotise et sa voix feutrée forment à eux seuls une image forte. Choisir d’interpréter Emmanuelle, icône indélébile du sex-appeal, n’arrive pas par hasard dans le parcours de la comédienne de 35 ans, qui a déjà exploré à travers plusieurs films la question de l’érotisme (Curiosa, de Lou Jeunet ; Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma…).

« Impression d’être un robot »

« Au fur et à mesure des années, la libération de la parole des femmes post-#metoo, mes échanges avec Céline Sciamma [amie et coautrice de son film Les Femmes au balcon, en salle le 11 décembre] et ce scénario d’Emmanuelle m’ont permis de mettre des mots sur ce que je ressentais… Dans mes relations intimes, j’ai l’impression d’être un robot qui est là pour faire plaisir à l’autre sans prendre de plaisir. Je dois avouer que je me connecte plus facilement à mon corps seule qu’avec mon partenaire, ce qui explique bien le fond du problème », confie-t-elle, adossée à la vitre, dans une forme d’abandon et avec une franchise très inédite en interview. « Au-delà d’une accumulation de traumas qui fait que ma libido peut baisser ou partir, j’en viens à me poser des questions. Ai-je été tellement dépossédée de mon corps que je n’y arrive pas ou est-ce que cela ne m’intéresse pas ? »

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