Donald Trump n’est pas intéressé par les théories scientifiques, ni même par l’histoire. Il a une confiance absolue en ses instincts. Il s’est entouré de collaborateurs loyaux qui ne se permettront pas de remettre en cause ses intuitions, même si certains d’entre eux ont des doutes. Les hausses vertigineuses de droit de douane décrétées le 2 avril sont un exemple de la manière dont fonctionne la prise de décision chez Trump. En la matière, il en revient au mercantilisme sans le savoir.
Le mercantilisme a été une idée dominante du XVe siècle au XVIIIe siècle. Elle est souvent présentée sous ses aspects commerciaux, mais elle s’insère dans une vision plus large des relations internationales qui peut paraître attrayante pour un investisseur immobilier. Le mercantilisme considère que le commerce est un jeu à somme nulle, c’est-à-dire que les gains d’un commerçant se font au détriment de ses concurrents. Vu sous cet angle, réduire les importations permet d’augmenter la production locale. La simplicité intuitive de cette idée est ce qui a assuré son succès et ceux de ses nombreux avatars, et son pouvoir de persuasion reste puissant. L’erreur du raisonnement implicite qui la sous-tend a d’ailleurs motivé, pour la corriger, la création, au XVIIIe siècle, de l’économie en tant que discipline.
L’erreur consiste à ignorer que le commerce international consiste en des échanges. Pourquoi payer plus cher quelque chose qui peut être produit moins cher ailleurs, ce qui permet aux fabricants étrangers de nous acheter les biens sur lesquels nous sommes les meilleurs ? Les échanges permettent ainsi à tous les consommateurs de se procurer plus de produits. Ce n’est pas un jeu à somme nulle, tout le monde y gagne.
Evidemment, les producteurs locaux – les entreprises et leurs employés – sont lésés quand le commerce est libéralisé mais, avec du temps, ils se reconvertiront et bénéficieront eux aussi de leurs ventes à l’étranger. C’est la transition qui est douloureuse et c’est ce qui explique la persistante influence du protectionnisme, mais ça ne dure qu’un moment.
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