Ultia envisageait le procès de quatre de ses harceleurs « comme un point de chute ». Ces derniers ont été fixés sur leur sort, mercredi 12 février, dans une décision de justice rendue par la 10ᵉ chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Trois d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison allant de dix mois avec sursis jusqu’à un an dont six mois ferme. Le quatrième a été relaxé.

Ce jugement fait suite à la plainte déposée par la streameuse pour mettre un terme à la vaste campagne de cyberharcèlement dont elle est victime depuis octobre 2021. A l’époque, Carla G, alias Ultia, participait à la sixième édition du Z Event, un marathon caritatif organisé sur Twitch par le streameur ZeratoR et son acolyte Dach. Parce qu’elle a dénoncé en direct une situation sexiste due à l’influenceur Inoxtag, elle a été la cible de nombreux messages violents et menaçants écrits par des internautes.

Lors de l’audience, le 21 janvier dernier, la streameuse s’est longuement exprimée devant trois des quatre prévenus l’un d’entre eux était absent sur les conséquences néfastes de ce harcèlement sur sa santé mentale et sur sa carrière. Le procureur de la République avait requis des peines de sept à douze mois d’emprisonnement avec sursis, un stage de sensibilisation et une interdiction d’entrer en contact avec Ultia pendant cinq ans.

Après délibéré, Ismaël M., 24 ans, a finalement été condamné à un an de prison dont six mois ferme pour menaces de mort et de viol ainsi que cyberharcèlement. Nathan F., 21 ans, est condamné à une peine d’un an de prison avec sursis pour menaces de mort et cyberharcèlement. Nazim H., 39 ans, qui avait déclaré souffrir de plusieurs troubles psychologiques et psychiatriques, a été quant à lui condamné à dix mois de prison avec sursis pour injure sexiste et cyberharcèlement, et à une obligation de soins. Enfin, Edis M., 24 ans, a pour sa part été relaxé.

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« Je suis satisfaite »

Lors de l’audience du 21 janvier, les différentes parties avaient rappelé que ce groupe de quatre prévenus ne représentait qu’un petit échantillon de la masse d’internautes ayant cyberharcelé Ultia au cours de ces trois dernières années. La streameuse affirme avoir bloqué, sur le réseau social X, quelque 5 000 comptes.

L’épineuse question de la responsabilité de certains créateurs de contenu vis-à-vis de leurs communautés de fans, avait également été abordée. A la barre, plusieurs prévenus avaient notamment cité l’influence du streameur Pfut. Ce dernier avait à plusieurs reprises fait part de sa colère contre Ultia, et c’est dans son tchat que certains des messages les plus violents à l’égard de la créatrice de contenu avaient été publiés.

« Je suis satisfaite ; je pense que ça en valait la peine », a commenté mercredi la streameuse auprès de BFM-TV. Dans un entretien accordé au Monde au début du mois de janvier, elle expliquait que le harcèlement était encore aujourd’hui une réalité de son quotidien et regrettait à ce sujet le silence de certains de ses pairs. « Pour que tout cela s’arrête, il faudrait que les gros streameurs responsables des communautés qui me harcèlent prennent la parole, considérait-elle. Mais tout le monde s’en fout. »

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Le Monde

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