Spécialiste des intrigues labyrinthiques et des pavés romanesques, Joël Dicker effectue, à 39 ans, un pas de côté. Avec La Très Catastrophique Visite du zoo, qu’il publie dans sa propre maison d’édition, appelée Rosie & Wolfe, l’écrivain genevois à succès, qui s’est longtemps senti « spécial », se risque dans la littérature jeunesse. En rêvant que ce roman à tiroirs passe de main en main et amène un nouveau public à la lecture.

Je ne serais pas arrivé là si…

… Si je n’avais pas accepté, à contrecœur, de retrouver l’éditeur Bernard de Fallois [1926-2018] à Paris, le dernier vendredi de juin 2012. J’avais fait sa connaissance l’été précédent, et ça ne s’était pas bien passé. Je cherchais un éditeur pour Les Derniers Jours de nos pères, après la mort accidentelle de Vladimir Dimitrijevic [1934-2011], le patron des éditions L’Age d’homme, qui devait publier ce roman. A son enterrement, on m’avait glissé le nom de Bernard de Fallois. J’étais donc allé le voir.

J’avais mis une chemise et un blazer pour l’impressionner, mais il faisait très chaud et j’étais en sueur. Je découvre alors un homme hyperélégant, très droit, une sorte de général au verbe précis, à la pensée juste, qui a bien lu mon manuscrit… et m’explique qu’il ne va pas le publier. Ça démarre très mal. Deux mois plus tard, il finit par accepter, sans doute par amitié pour Vladimir Dimitrijevic. Mais le succès est limité, le destin classique des premiers romans. Pour moi, c’est plus qu’une déception : un choc.

Pourquoi ?

Parce que pendant des années, j’avais envoyé des manuscrits – six au total – à tous les éditeurs de France, de Suisse, de Belgique et du Québec, en rêvant que l’un d’eux m’appelle et me dise : « Dicker ? Ecoutez, votre livre est génial. On est tellement emballés qu’on va le faire paraître dans quinze jours. »

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