
Qui parviendra à s’immiscer dans le duel au sommet du rugby français ? Depuis trois ans, le Top 14 se cristallise autour de l’opposition entre un champion expérimenté, le Stade toulousain, et un prétendant ambitieux, l’Union Bordeaux-Bègles (UBB). Fortes d’un effectif riche, d’une grande stabilité au niveau de l’encadrement et d’une identité de jeu solide, ces deux équipes – respectivement championne de France et championne d’Europe – sont à nouveau les favorites du championnat de France, dont la saison 2025-2026 commence, samedi 6 septembre. « Toulouse a un temps d’avance sur les autres », a déclaré, lundi 1er septembre, le talonneur de La Rochelle, Quentin Lespiaucq, lors d’un point de rentrée de la Ligue nationale de rugby, à Paris.
Derrière ce duo, la hiérarchie reste mouvante. Dans un championnat relevé – et généralement considéré comme le meilleur de la planète –, plusieurs clubs fourbissent leurs armes, avec l’ambition de se caler dans leur sillage. A commencer par La Rochelle et Toulon, deux bastions du Top 14 ayant à cœur de retrouver les premières places du classement.
Le Stade rochelais est monté en puissance ces dernières années, remportant deux titres de champion d’Europe consécutifs, en 2022 et 2023. La saison passée, cependant, a révélé les limites des coéquipiers de Grégory Alldritt, notamment un jeu parfois trop axé sur la puissance du pack et un manque de variété dans l’animation offensive.
Après que les Maritimes ont échoué à se qualifier pour les phases finales du championnat, ils se sont renforcés à l’intersaison. Les arrivées du demi de mêlée Nolann Le Garrec (du Racing 92) et de l’ailier géorgien Davit Niniashvili (de Lyon) visent à accélérer le tempo et à apporter davantage de rythme en attaque. Il appartient désormais aux hommes de Ronan O’Gara de conjuguer densité physique et imprévisibilité pour s’installer de nouveau dans le haut du tableau.
« Un projet ne se construit pas en six mois »
Sur un autre littoral, le Rugby Club toulonnais (RCT) poursuit sa reconstruction, conservant le souvenir des années dorées – de 2013 à 2015 –, lorsqu’il fut triple champion d’Europe. L’été y a été marqué par de nombreux mouvements, avec 11 départs et sept arrivées, dont celles de l’international anglais Zach Mercer ou du prodige français Patrick Tuifua, venu du Super Rugby néo-zélandais. « Chaque année, tout est remis à zéro, insiste le directeur du rugby du club varois, Pierre Mignoni. Notre expérience grandit, notre niveau évolue. Mais il faut repartir et poursuivre ce travail. » A ses yeux, il n’existe qu’une façon de combler l’écart avec Toulouse et Bordeaux : « Tu ne les dépasses qu’en les battant dans les matchs-clés. Pour l’instant, ce n’est pas encore notre cas. »
S’appuyant sur des vétérans – comme l’ex-All Black Ma’a Nonu, 43 ans, et de retour dans la rade depuis l’hiver – et de jeunes audacieux, le RCT entend continuer à se renforcer. « J’ai choisi Toulon parce que c’est un club avec des bases solides et une vraie ferveur. Honnêtement, il ne manque pas grand-chose pour franchir un cap », assure le demi d’ouverture Mateo Garcia, qui a débarqué cet été de Bordeaux.
Au-delà de ce quatuor de favoris, de nombreuses équipes visent le top 6 (synonyme de phases finales), à l’instar de Montpellier, sacré champion de France en 2022 et à la peine depuis lors. En 2024, le club héraultais a alterné coups d’éclat et déceptions, ne parvenant pas à se qualifier pour les phases finales. Cela n’empêche pas le MHR de croire à une nouvelle ère. « Si je compare avec le début de la saison dernière, c’est le jour et la nuit. En matière de préparation et de planification, on est nettement plus prêts », affirme son entraîneur, Joan Caudullo.
Cette volonté de stabilité transparaît aussi dans la prolongation du grand espoir Lenni Nouchi, courtisé, entre autres, par Toulon. « L’histoire n’était pas finie. C’est le club qui m’a formé et j’ai envie de découvrir les phases finales avec lui, explique le troisième-ligne. Je ne suis pas celui qui quitte le navire quand il tangue. » De quoi réjouir son entraîneur. « Un projet ne se construit pas en six mois. Il faut au minimum trois ans. Ce qui nous sépare encore de Bordeaux et Toulouse, c’est la stabilité qu’ils ont su construire », relève Joan Caudullo.
Tandis que la nouvelle saison du championnat de France s’annonce indécise, l’UBB et Toulouse aspirent à se retrouver, pour la troisième fois d’affilée, en finale du Top 14, en juin 2026. Mais, cette fois, les Girondins comptent enfin soulever le Bouclier de Brennus.