Le peuple palestinien a appris, au long de sa douloureuse histoire, que son sort pouvait être discuté loin, très loin de la Palestine, et sans que l’on fasse même semblant de le consulter. Et c’est à la Maison Blanche, le 27 août, que le président américain, Donald Trump, a convié au sujet de Gaza son gendre, Jared Kushner, et son partenaire de golf et d’affaires, Steve Witkoff. Le premier a été son envoyé spécial pour le Moyen-Orient durant son précédent mandat et le second est son actuel émissaire pour la région.
Etait également invité Tony Blair, premier ministre britannique de 1997 à 2007, dont la société de conseil, l’Institut Tony Blair, travaille depuis des mois avec Jared Kushner et Steve Witkoff à l’habillage politique du projet de transformation de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient ». Et quand Donald Trump a révélé, le 29 septembre, son plan pour Gaza, il a affirmé que Tony Blair siégerait à ses côtés dans un « comité de paix » chargé de gérer l’enclave palestinienne. Cet engagement de Tony Blair au service d’un tel dessein américain s’inscrit dans le prolongement de décennies d’hostilité à l’encontre du nationalisme palestinien.
En mobilisant le Royaume-Uni aux côtés des Etats-Unis, en 2003, le premier ministre Blair n’a pas seulement contribué de manière déterminante à la désastreuse invasion de l’Irak. Il a aussi souscrit à la vision tout aussi dévastatrice des néoconservateurs américains qui avaient convaincu George W. Bush que « la route de Jérusalem passera par Bagdad ». Ces idéologues de la « guerre globale contre la terreur » affirmaient en effet que le renversement du dictateur irakien Saddam Hussein entraînerait un cycle vertueux de démocratisation d’abord en Irak, puis dans le reste du monde arabe, d’où une dynamique irrésistible de paix avec Israël, selon l’axiome que « deux démocraties ne se font pas la guerre ».
L’alibi européen des néoconservateurs américains
Plutôt que de relancer le processus de paix israélo-palestinien, mieux valait donc travailler à ce partenariat à venir entre Israël et les Etats arabes, un raisonnement que l’on retrouvera, deux décennies plus tard, dans les « accords d’Abraham », censés, eux aussi, suppléer un règlement de la question palestinienne.
Il vous reste 59.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.