
Les manifestants, réunis parfois par dizaines dans certains quartiers, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les policiers, le jeudi 26 juin au matin. Des pneus et des barricades de bois brûlaient dans certaines rues de la capitale, où de nombreux commerces étaient restés fermés.
Les manifestations sont rares au Togo ces dernières années, mais il s’agit du deuxième appel de la société civile et d’influenceurs à descendre dans la rue ce mois-ci. Ils protestent contre des arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité ou encore la réforme constitutionnelle qui permet à Faure Gnassingbé, 59 ans, de consolider son pouvoir, en place depuis 2005. Avec la nouvelle Constitution, le pays a basculé en 2024 dans un régime parlementaire dont il occupe la plus haute fonction, sans limitation de mandat.
L’un des déclencheurs des manifestations
« J’ai décidé de tout fermer aujourd’hui en soutien aux manifestations (…) pour libérer notre pays, car trop, c’est trop. Nous voulons [du] changement », a expliqué Hélène, une commerçante du quartier de Hedzranawoé. « J’ai peur d’ouvrir ma boutique, parce que certains profitent souvent de ces situations pour piller les magasins et les boutiques », confiait de son côté Afi, assise devant son kiosque de denrées alimentaires, dans le quartier Novissi.
Mi-juin, Aamron, un rappeur togolais critique du pouvoir dont l’arrestation à la fin de mai avait été l’un des déclencheurs des manifestations, a été libéré de l’hôpital psychiatrique où il avait été interné. Les 5 et 6 juin, des manifestants, majoritairement jeunes, étaient descendus dans la rue, et une cinquantaine d’arrestations avaient été signalées par les autorités.
La plupart avaient ensuite été libérés mais Amnesty International avait dénoncé des cas de « torture » sur certains d’entre eux. Le gouvernement avait répondu ne pas avoir été saisi de tels cas.
Assumer « leur responsabilité »
« Les pouvoirs publics ont pris soin de rappeler que, à ce stade, aucune saisine – avec l’identification des organisateurs des manifestations – n’est sur la table des autorités compétentes. Nous sommes face à une volonté manifeste de semer le désordre et le chaos. Les auteurs d’une situation illégale et irrégulière, assumeront leur responsabilité », a prévenu à la fin de juin le ministre de la réforme du service public, du travail et du dialogue social, Gilbert Bawara.
Il ajoute : « Tout ce qui pourrait faire régresser notre pays et le faire reculer dans son élan de progrès doit être proscrit et évité. »