Observée depuis 2016, la hausse des hospitalisations des jeunes femmes pour tentative de suicide ou automutilation se poursuit, selon un rapport publié mardi 25 février qui évoque un possible lien avec leur exposition aux violences sexuelles et aux « injonctions de genre ».
Entre 2017 et 2023, les taux annuels d’hospitalisation à la suite d’un geste auto-infligé (GAI) ont progressé chez les femmes et filles de 10 à 14 ans (+ 70 %), de 15 à 19 ans (+ 46 %) et de 20 à 24 ans (+ 54 %), précise l’Observatoire national du suicide dans son sixième rapport.
En 2023, 516 jeunes femmes de 15 à 19 ans sur 100 000 ont été hospitalisées pour GAI, contre 333 sur 100 000 en 2015, précise-t-il dans ce document publié par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Les GAI comprennent les tentatives de suicide et les automutilations non suicidaires telles que les scarifications.
A la puberté, une « vulnérabilité accrue »
Pour expliquer cette hausse, « plusieurs hypothèses peuvent être avancées : les adolescentes sont exposées à des violences sexistes et sexuelles ainsi qu’à des injonctions de genre dont la diffusion est largement amplifiée par les réseaux sociaux », selon l’observatoire.
Plus répandu chez les filles, l’usage de ces derniers « intensifie leur exposition aux normes de beauté stéréotypée et à la sexualisation des corps féminins, qui se retrouvent aussi en dehors des plateformes numériques ».
Dans ce contexte, « la puberté, qui peut se manifester plus violemment chez les filles, est pour les adolescentes une période de vulnérabilité accrue vis-à-vis des injonctions de genre, ainsi que des violences sexistes et sexuelles qui y sont profondément liées ».
Toutes les régions et tous les types d’agglomération (commune rurale, banlieue, ville centre, ville isolée) sont affectés par cette hausse des hospitalisations pour GAI des jeunes femmes, « mais de façon plus importante dans les communes les plus favorisées », selon l’observatoire.
Le nombre de suicides chez les adolescentes et jeunes femmes est également en hausse : 183 cas en 2022, contre 160 en 2021, 120 en 2020 et 132 en 2019. Dans cette population, « le nombre de suicides atteint en 2022 ne l’avait pas été depuis 1997 ».
Le suicide est la deuxième cause de décès parmi les jeunes de 15 à 24 ans, derrière les accidents de la route. En 2022, tous âges confondus, 2 275 femmes et 6 925 hommes se sont suicidés en France.