Sur Parcoursup, « j’ai suivi le conseil de ma mère, j’ai coché tout ce que j’ai pu », rend compte Lilian (il a souhaité rester anonyme), 17 ans, élève en classe de terminale au lycée Janson-de-Sailly, à Paris. Le jeune homme a donc candidaté pour des écoles de commerce postbac, des écoles universitaires de management et autant de classes préparatoires aux grandes écoles de commerce que la plate-forme d’orientation le lui permettait. Pour rédiger les lettres de motivation nécessaires à la constitution de ses candidatures, le lycéen n’en fait pas mystère : il a largement utilisé des outils d’intelligence artificielle (IA), comme près de 80 % des 16-25 ans, selon une enquête réalisée en 2024 par Diplomeo.
« La plupart de ces lettres ne passent pas le test de Turing », s’en amuse Quentin Leroux, professeur de management et président de l’Association de promotion des classes préparatoires option technologique, en référence à la méthode du mathématicien
éponyme pour distinguer, dans un échange textuel, la machine de l’humain. « Les lettres écrites par une IA sont désincarnées, les arguments tombent à plat, le niveau de vocabulaire n’est pas celui des élèves », poursuit l’enseignant.
Aline Mousset, professeure d’économie, droit et management de la classe préparatoire ECP du lycée de la Venise-Verte à Niort, ne compte plus les courriers qui commencent invariablement par ce panégyrique maladroit de sa ville : « Niort, ville moyenne et dynamique où il fait bon vivre… »
Les courriers produits par une IA sont donc aisément repérés et loin des attentes des examinateurs. « Ce n’est pas dramatique, relativise Denis Choimet, professeur de mathématiques et président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques. Est-ce que c’est une IA qui a rédigé ou encore papa-maman ? On ne va pas passer longtemps à se le demander. »
« Que le candidat fasse sobre »
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