L’un des territoires les plus stratégiques pour la métropole parisienne en cas d’inondations majeures est certainement l’un des plus ignorés. A l’exception des amateurs de pêche et de gibier d’eau, qui connaît La Bassée, cette étendue d’étangs et de bois, située aux confins de la Seine-et-Marne, à une heure quinze au sud-est de Paris, quand cela roule bien ? Le poumon bleu de l’Ile-de-France, dit-on. Une zone humide exceptionnelle. Une vaste plaine alluviale d’où proviennent une grande partie des granulats utilisés dans les chantiers de la région. Et, depuis mercredi 15 janvier, l’endroit où sept pompes aspirent avec force l’eau de la Seine pour la déverser dans un « casier pilote », un rectangle de 360 hectares désormais entourés de digues, en amont de Montereau-Fault-Yonne.

Dès lundi, un hélicoptère a commencé à tourner au-dessus de la zone. Des alarmes ont retenti dans les marais. Puis ce sont les téléphones des personnes approchant le secteur qui ont sonné de manière stridente, affichant un message d’alerte « extrêmement grave » : « Interdiction formelle de pénétrer l’espace entouré de digues. » Il fallait effaroucher les animaux comme éloigner les hommes, avant le début de l’opération : la mise en eau test d’un nouvel aménagement sur le bassin amont de la Seine pour atténuer les inondations d’un fleuve dont les trop-pleins exceptionnels sont redoutés. Et que le réchauffement climatique promet d’accentuer.

Deux ans et demi de travaux, bien plus de débats, 114 millions d’euros. C’est le cinquième ouvrage au compteur, tous gérés par l’Etablissement public territorial de bassin Seine grands lacs. « Et le premier équipement lourd construit depuis 1990 », insiste Patrick Ollier, président de l’établissement public et de la Métropole du Grand Paris (123 communes), territoire particulièrement vulnérable. Les quatre autres sont les lacs réservoirs posés au XXe siècle sur le fleuve et ses affluents. Leur mission est double : écrêter les crues (jusqu’à 70 centimètres en moins dans Paris), mais aussi assurer un débit constant en période sèche. Sans les lacs, la navigation sur la Seine certains étés, comme le refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent, ou la production d’eau potable, serait compromise.

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