Le deuxième ligne français, qui a commencé sa carrière en Angleterre, a signé un doublé lors de la victoire historique des Bleus à Londres, samedi.
“Thibaud Flament est un joueur aux normes internationales, c’est sûr. Et dire qu’il débute sa carrière…” Le constat est signé d’un Fabien Galthié ébahi, presque sans mot pour qualifier le match phénoménal de son numéro 4 à Twickenham. Lors de la victoire retentissante du XV de France en Angleterre (53-10), samedi 11 mars, le joueur du Stade toulousain, âgé de 25 ans, a livré l’une de ses meilleures prestations de sa carrière. Pour son quinzième match international, celui qui a été débuté sa carrière professionnelle à Londres a sans doute rebattu les cartes à six mois de la Coupe du monde.
Si Thomas Ramos a été désigné meilleur joueur du match, Thibaud Flament aurait très bien pu prétendre à la récompense. Auteur d’un match presque parfait, il a autant brillé sur le plan défensif qu’offensif. Infranchissable, ses neuf plaquages (100% de réussite) confirment son statut de meilleur plaqueur français dans le Tournoi (67). “Je suis content pour lui, son évolution est géniale, ce qu’il fait avec nous est génial […] Le joueur est formidable, et l’homme aussi”, souriait Fabien Galthié après le match.
Disponible et en réussite partout
Sur ses deux essais, il s’est rendu disponible pour être servi par Antoine Dupont puis Romain Ntamack avant de faire parler sa puissance pour aller aplatir derrière la ligne. “Il a tout, la vitesse, l’activité. Défensivement il a rayonné, il marque ces deux essais sur des courses tranchantes”, abonde Vincent Clerc, consultant France Télévisions.
Une performance d’autant plus remarquable qu’il avait coché ce déplacement sur son calendrier. Formé en Angleterre, à l’université de Loughborough, il a démarré sa carrière professionnelle outre-Manche, chez les Wasps, en 2019. “Revenir dans le pays où j’ai passé les échelons professionnels, c’est particulier”, reconnaissait-il sur RMC avant la rencontre. “Twickenham est un stade mythique que j’avais visité quand j’étais à l’université. Je le regardais avec des grands yeux et je rêvais de fouler cette pelouse un jour.”
Cela pouvait ajouter un degré d’émotion et de pression sur ses épaules de géant (2,03 mètres). Mais face au XV de la Rose, Flament a affiché une sérénité à toute épreuve. Appliqué, il est resté dans son match sans se laisser emporter par l’enjeu. Un contrôle qu’il a seulement laissé échapper quelques secondes, comme un craquellement dans la façade, à la fin du match. Sur l’ultime coup de pied français, il a laissé éclater sa joie, la visage ouvert les bras en l’air, alors que d’autres, à ses côtés, partaient plutôt saluer les Anglais battus.
“Un des meilleurs secondes lignes au monde”
Malgré ses envies de discrétion, le grand toulousain prend une nouvelle dimension dans cette équipe. Au retour des vestiaires, alors que le groupe bleu attendait les Anglais sur la pelouse, il a passé plusieurs dizaines de seconde à échanger avec Romain Ntamack. “Il fait partie des meilleurs secondes lignes au monde. Il franchit des paliers tous les week-ends, il prend de plus en plus de place dans le groupe, c’est un joueur qui ne parle pas trop mais qui met en confiance dès qu’on l’a à côté de soi”, a d’ailleurs loué son coéquipier en club après la rencontre. “C’est un deuxième ligne qui permet d’avoir presque un quatrième troisième-ligne. C’est un profil de joueur dont on a besoin aujourd’hui”, abonde Vincent Clerc.
Signe de cette nouvelle popularité, c’est lui qui a été choisi par la télévision anglaise pour l’interview d’après-match. Déjà habitué aux flashs des caméras, Thibaud Flament a tout pour viser encore plus haut avec les Bleus. Lui, le plus Anglais des Français.
