Un médecin rend visite à un patient atteint du choléra dans une unité d’isolement située à l’extérieur de l’hôpital Bashayer, au sud de Khartoum, le 31 mai 2025.

Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l’ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé le 14 août Médecins sans frontières. Dans la seule région du Darfour, selon l’organisation, les équipes de MSF ont soigné « plus de 2 300 patients » atteints de cette maladie diarrhéique grave transmise par l’eau et la nourriture contaminées.

Depuis juillet 2024, environ 100 000 cas de choléra ont été recensés à travers le Soudan et la maladie se propage dans tous les Etats du pays, selon l’Organisation mondiale de la santé. Selon l’Unicef, plus de 640 000 enfants de moins de 5 ans sont désormais menacés par la maladie dans le seul Etat du Darfour-Nord, où les combats font rage entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) pour le contrôle de la ville d’El-Fasher.

« Seulement 3 litres d’eau par jour »

Dans un pays où les combats verrouillent les axes principaux et paralysent la logistique, l’acheminement de l’aide humanitaire est devenu quasi impossible. Les convois sont à l’arrêt et les réserves s’épuisent. La saison des pluies, qui s’intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire.

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La situation est la plus critique dans la localité de Tawila, au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats autour d’El-Fasher ont trouvé refuge après l’attaque en avril du camp voisin de Zamzam par les FSR.

« A Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement 3 litres d’eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d’urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l’hygiène, selon les recommandations de l’OMS », a fait savoir jeudi MSF.

Corps retrouvé dans un puits

Selon l’ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril. Une femme déplacée à Tawila depuis deux mois explique : « Nous n’avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air. »

« Dans les camps de déplacés et de réfugiés, les familles n’ont souvent pas d’autre choix que de boire de l’eau contaminée et beaucoup de gens attrapent le choléra », a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila.

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« Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits dans l’un des camps. Il a été enlevé mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau », a-t-il ajouté.

« Pire crise humanitaire au monde »

Les combats se sont intensifiés au Darfour depuis que l’armée a repris en mars le contrôle de Khartoum et les paramilitaires, qui assiègent El-Fasher, tentent de s’emparer de cette ville – la seule capitale provinciale de la région encore tenue par l’armée.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes, a entraîné le déplacement ou la fuite à l’étranger de millions de Soudanais et a provoqué ce que l’ONU décrit comme « la pire crise humanitaire au monde ».

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Le Monde avec AFP

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