Jusqu’au bout, le droit d’auteur aura été un point de tension des préparatifs du sommet de l’intelligence artificielle (IA) de Paris, qui s’ouvre lundi 10 février. Moins de quatre jours avant l’accueil en grande pompe par Emmanuel Macron d’une centaine de chefs d’Etat, les représentants des industries culturelles ont été reçus en urgence à l’Elysée, jeudi 6 février au matin. Trois jours plus tôt, ceux-ci avaient été « très énervés » par un briefing de presse, raconte Pascal Rogard, de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Les conseillers de l’Elysée avaient semblé écarter le projet de « charte » pour le respect de la culture que les ayant-droits espéraient faire porter par l’organisation du sommet. L’un d’entre eux avait même dit « une énorme bêtise » en sous-entendant que le droit d’auteur était « un sujet particulièrement français », mais « pas forcément mondial ». Il n’en fallait pas plus pour raviver les craintes des acteurs de la création de voir la défense de la culture éclipsée du sommet international.

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« Lors du rendez-vous, les conseillers nous ont dit que le président de la République soutenait le droit d’auteur. Nous attendons donc une déclaration forte pour que la France soit présente sur ce principe, qu’elle a inventé », explique M. Rogard, qui ne perd jamais une occasion de rappeler que Beaumarchais a créé, en 1791, le droit d’auteur, la rémunération proportionnelle aux recettes d’exploitation et la Société des auteurs dramatiques, devenue la SACD, où un buste du dramaturge trône dans la grande salle de réunion.

Une pomme de discorde

La charte préparée par les lobbys de la culture ne sera, elle, pas intégrée aux initiatives officielles du sommet, concède M. Rogard, mais elle pourrait se transformer en « appel ». Dans le même esprit, les syndicats des médias ont publié, jeudi dans Libération, une tribune demandant une rémunération pour l’utilisation de leurs articles lors de l’entraînement des modèles d’IA qui alimentent les robots conversationnels comme ChatGPT, Gemini, Meta AI, Le Chat ou DeepSeek : « L’exploitation sans contrepartie des contenus (…) constitue une captation unilatérale de leur valeur, menace leur modèle économique. Un tel scénario conduira rapidement à l’extinction des ressources indispensables à l’alimentation d’une IA générative fiable », écrivent les organisations de médias comme l’Alliance de la presse d’information générale (APIG), le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), le Groupement des éditeurs de contenus et de services en Ligne (Geste) ou le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil). « Les fabricants d’IA ont pillé tous nos contenus », résume abruptement David El Sayegh, directeur général adjoint de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), qui a cosigné un autre texte, à paraître samedi dans Le Parisien, et signé par 32 000 artistes, dont Jean-Jacques Goldman, Kassav’, Kyan Khojandi, Mass Hysteria, Feu ! Chatterton ou Philippe Djian.

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