
Fer de lance des contestations contre la colonisation française puis du pouvoir autocratique d’Habib Bourguiba et Zine El-Abidine Ben Ali, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est de nouveau dans le viseur des autorités. Jeudi 7 août, des dizaines de partisans du président Kaïs Saïed se sont massées devant son siège, au centre de Tunis, pour réclamer le départ de ses dirigeants. Une action justifiée par le chef de l’Etat le lendemain : « le peuple, a-t-il déclaré, exige des comptes afin que son argent lui soit restitué », évoquant l’existence d’affaires de corruption au sein du syndicat.
Réunis en urgence lundi 11 août, les membres du conseil administratif de l’organisation ont riposté en appelant à une grande manifestation le 21 août pour dénoncer les tentatives d’intimidation et les déclarations du président. La menace d’une grève générale a également été brandie, sans qu’aucune date ne soit fixée.
Affaiblie par de profondes dissensions internes et une image ternie par des années de grèves à répétition sur fond d’accusations de corruption et de clientélisme, la centrale syndicale n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. « Elle est dans une crise historique et existentielle, souligne Hamza Meddeb, chercheur au Carnegie Middle East Center. Il s’agit avant tout de sauver la barque », face à une présidence engagée dans un démantèlement méthodique des corps intermédiaires – partis politiques, organisations de la société civile, instances indépendantes.
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